Il existera toujours des personnes fragiles exposées à la consommation problématique de drogues et il leur faut des soins à vie et apprendre à vivre avec. C’est ce qu’a fait ressortir le psychiatre Vinod Ramkoosalsing, cette semaine, au Rajiv Gandhi Science Centre, lors d’une conférence-débat sur les politiques de drogues à Maurice.

Celui qui est à l’origine du programme de substitution à la méthadone à Maurice argue, d’entrée, que les politiques locales régissant l’usage des drogues ont failli car de nature répressive. Et 80% des substances illicites se retrouvent sur le marché en dépit des efforts des autorités, dit le Dr Ramkoosalsing, citant des études.

Répondant aux propos d’Anil Gayan selon qui aucun toxicomane ayant opté pour le programme de méthadone n’a été guéri, l’ancien consultant en charge de l’hôpital Brown-Séquard fait ressortir que : « L’addiction ne se guérit pas, il faut un traitement à vie. »

La méthadone, souligne le Dr Ramkoosalsing, a fait ses preuves. Le suboxone et le naltrexone, relève-t-il, ne conviendront pas forcément à ceux qui se droguent depuis des années.

Ram Nowzadick, avance que ces deux médicaments employés dans le programme de substitution pour les nouveaux inscrits, peuvent mettre en danger la santé des patients en raison de leurs effets secondaires.

Le président de la Nursing Association explique surtout depuis l’arrêt du programme de méthadone, l’année dernière, le taux d’infection par le VIH parmi les toxicomanes est en hausse.

Outre l’aspect santé, les retombées sociales de l’usage des drogues sont réelles. Stigmatisation, discrimination, violences, abus verbal… Autant d’obstacles auxquels les consommateurs sont confrontés et, en particulier, les groupes déjà marginalisés. Nicolas Manbode, coordonnateur de l’Aids Candlelight Memorial, témoigne que l’incarcération n’a guère d’effet dissuasif sur la consommation des narcotiques. Au contraire, la prison, où ne sont dispensés ni seringues stériles ni préservatifs, devient synonyme du Sida et de l’hépatite C.

Lors de cette conférence-débat, qui se voulait dépassionnée, ONG, syndicalistes et membres du public ont pu interagir pour discuter de l’efficacité des politiques de drogues. Satisfaite de cette discussion étendue à une audience plus variée qu’à l’accoutumée, Nathalie Rose de Pils espère le même type d’échange avec les responsables de la santé publique.

Les travaux de ce forum seront compilés sur DVD. L’événement est à mettre au compte du Centre for Research and Alternative Studies, associé à Pils, au Collectif Urgence Toxida, et à la Nursing Association.

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