Sophie Perdreau. Esclave du Mozambique, elle débarque à Maurice en 1826. Soit neuf ans avant l’abolition et que l’apprentissage ne soit instauré à la place. Cette femme, dont on sait peu de choses, est le point de départ de la famille d’Angela Perdreau, du côté de son père.

A Maurice, Sophie Perdreau se retrouve sur la propriété d’un certain Staub à Forbach. Elle a trois filles. Elle travaille la pioche. Et il semble qu’elle a été, un temps, à Rodrigues…

Mauricienne de la diaspora, Angela Perdreau a commencé à remonter les branches de son arbre généalogique métissé il y a quatre ans. Ce qui l’intéressait surtout : préciser ses origines africaines.

Sa démarche, initiée il y a quatre ans auprès du Centre Nelson Mandela pour la culture africaine, porte ses fruits. Puisqu’il ne lui manque qu’une génération ou deux après Sophie Perdreau. Un trou qui sera peut-être comblé en fouillant dans les registres originels de l’Etat civil.

Contrairement à de nombreuses personnes qui sollicitent le Centre Nelson Mandela dans le cadre du projet «Généalogie/origines», Angela Perdreau est jeune : 26 ans. Elle a aussi «la chance» que son patronyme n’ait pas été modifié, comme cela arrive parfois, au fil des années. Ce qui a facilité les recherches d’ascendance, bien qu’elle vive en région parisienne depuis qu’elle a un an.

De mettre un nom, un pays, sur des ancêtres que le temps a presque fait tomber dans l’oubli, n’a rien changé à son quotidien, explique la diplômée en ergonomie. Qui sent que cela a peut-être débloqué certaines choses dans sa famille. Savoir qu’un aïeul a peut-être bâti tel pont, tel édifice, labouré le champ de cannes qui défile, change quelque peu la manière de voir le pays natal et de s’y représenter, confie celle qui était à Maurice en janvier.

Son mari, originaire de Côte d’ivoire et du Mali et qu’elle connaît depuis plus d’une décennie, l’a accompagnée et encouragée tout du long. Mais aussi quand elle se rend à des conférences sur l’esclavage, la colonisation et la décolonisation… C’est qu’Angela Perdreau est «très sensibilisée à la cause des Noirs». D’autant qu’en France, on ne parle «pas assez» de l’esclavage, estime-t-elle.

Le sujet est peut-être plus présent à Maurice. Il n’empêche qu’il y a «une connaissance, ou en tout cas, une valorisation insuffisantes» de cette période de notre histoire. Une lacune qui sera peut-être comblée par la mise sur pied du Musée de l’esclavage.

Pratique

Centre Nelson Mandela pour la culture africaine. La Tour Koenig 11110, Pointe aux Sables.
Tél. : (+230) 234.14.16, 234.14.21 – Fax : (+230) 234.14.17
E-mail : [email protected] / nelson.mandela.centre@gmail.com

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