Le gouvernement britannique a lancé cette semaine un processus de consultation sur la question du retour des Chagossiens sur leurs îles natales. Dans un premier temps, 1 500 Chagossiens pourrait être autorisés à regagner l’archipel. Dans le même souffle, un projet touristique pourrait y être implanté. Une information relayée par le quotidien britannique The Guardian, sur son site Web hier, qui cite un rapport du Foreign and Commonwealth Office. Aucune décision n’a pour l’heure été prise, insiste le bureau des Affaires étrangères britannique. Celle-ci ne devrait pas se profiler avant fin 2015 ou début 2016.

« Selon toute probabilité, une réinstallation pilote provisoire d’une durée de 12 à 24 mois serait proposée sur Diego Garcia », note le rapport. Avec une évaluation « en continu » sur cette période avant d’autoriser d’autres personnes à venir s’y installer. L’île du Coin et l’île Boddam pourraient aussi être considérées. « Une réinstallation ouverte à tous risque de ne pas être faisable, compte tenu des coûts associés à la mise en place d’un soutien social suffisant, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation, au profit d’habitants d’îles aussi isolées », est-il indiqué dans le document explicatif publié par le Foreign Office. Le projet pourrait être annulé « en cas d’échec ou de manque manifeste de viabilité économique ».

Contacté par The Guardian, un porte-parole du Foreign Office a déclaré : « Nous continuons de clarifier les incertitudes autour de la probable demande de repeuplement et des coûts et responsabilités pour les contribuables britanniques afin de pouvoir prendre une décision éclairée sur le sujet. » L’exercice de consultation s’adresse aux Chagossiens résidant à Maurice, aux Seychelles et au Royaume-Uni (plus de 3 000 à Crawley) mais aussi aux « parties intéressées », dont des ONG et parlementaires. « Les opinions du gouvernement de l’île Maurice sont également recherchées, indique le consultancy paper, et seront prises en compte. »

Le porte-parole soutient que l’exercice, qui prend fin le 27 octobre, vise aussi à « partager des informations actualisées » sur les coûts éventuels et les options autres que le repeuplement.

Le document mentionne également les perspectives d’emploi. « La gestion d’une industrie touristique limitée sur les îles extérieures pourrait être mise en œuvre, à titre d’essai pour commencer », indique le consultancy paper. Ce qui nécessiterait d’assurer la formation de ceux intéressés à y travailler. Le projet touristique, à ses débuts du moins, s’appuierait sur la « les visiteurs en yacht » au lieu de « créer une infrastructure nouvelle et permanente, sous forme d’hôtels par exemple ». Le rapport du Foreign Office évoque aussi la possibilité d’embauche sur la base militaire de Diego Garcia et dans l’administration des British Indian Ocean Territories. La production de coco à grande échelle n’est, par contre, pas jugé comme « une industrie viable ».

Dans une courte déclaration publiée sur le site Web du Diego Garcia and Chagos Islands Council, Allen Vincatassin, président de cette association, encourage ses compatriotes à remplir le formulaire. « Ce travail, souligne-t-il, doit être entrepris par les Chagossiens (avec l’aide des associations qui les représentent). », Tout comme la décision du retour sur l’archipel doit être prise par eux, « et non par des personnes ou des groupes extérieurs à notre communauté ».

Interrogé par The Guardian, Stefan Donnelly, secrétaire de la UK Chagos Support Association, indique que celle-ci ne fera pas de commentaire avant d’avoir étudié le consultancy paper et le formulaire qui l’accompagne, et consulté les groupes de Chagossiens. « Nous accueillons toutefois ce que nous espérons être une nouvelle volonté de discuter directement avec les Chagossiens, dit-il, et de travailler sérieusement pour mettre fin à près d’un demi-siècle d’injustice insensée. »

Le 22 juin, c’est à la Cour suprême de Londres que les Chagossiens se sont adressés. Ils souhaitent que la plus haute instance juridique britannique annule la décision des Law Lords de ne pas autoriser leur retour sur l’archipel. Amal Clooney fait partie du panel d’avocats appelés à représenter Olivier Bancoult et ceux qui se sont associés à sa démarche.

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