Maurice réussira-t-il à mobiliser près de Rs 35 milliards sur les 10 prochaines années ? La question énergétique a été au centre des débats lors de la 4e rencontre du Club des Entrepreneurs et de la Transition Energétique le 22 octobre dans le contexte de la Journée Mondiale de l’Energie. Cette première rencontre en 2020, dans un contexte de crise sanitaire et économique, a été l’occasion de dresser un état des lieux des filières de la transition énergétique à Maurice en définissant les enjeux et les pistes de discussion à proposer aux autorités afin d’accélérer l’autonomie énergétique. Pour l’instant, l’objectif fixé par le gouvernement est d’atteindre 40 % d’énergies renouvelables en 2030 dans la production d’électricité. Mais les derniers mois ont démontré qu’une ambition plus forte de cet objectif est tout aussi vitale que la sécurité alimentaire en matière de résilience du territoire mauricien. Malgré le sentiment général empreint de réalisme et d’optimisme, des représentants des filières biomasse, éolien, solaire photovoltaïque, mobilité électrique, et bâtiments réclament des actions concrètes. Les intervenants ont souligné le manque de visibilité de la planification économique pour atteindre l’objectif fixé. Il est nécessaire de mobiliser près de Rs 35 milliards sur les 10 prochaines années et il n’y a aucune indication sur la façon d’investir pour les opérateurs privés. Des partenariats public-privé sont souhaités pour l’avenir afin de rattraper le retard accumulé sur près de 18 mois sans appels d’offres ou sans lancement de nouveaux « schemes ». Les 60 participants ont également déclaré leur intention de rejoindre le pacte environnemental et social de Business Mauritius baptisé « SigneNatir ».

Réactions
Prakash Ramiah, General Manager de LEAL Energie :
« Depuis plusieurs années, les prestataires locaux ont été des pionniers pour contribuer à l’effort national pour le photovoltaïque. Nous avons formé et créé des emplois. Aujourd’hui, nous avons faim, nous avons besoin de projets pour continuer à exister. »

Olivier Gaering, directeur régional de QAIR Mauritius :
« Sur le court terme, on espère que le Climate Change Bill, prochainement débattu au Parlement, soit un acte fondateur à Maurice. Sur le moyen terme, il est urgent de relancer un appel d’offres éolien pour donner une dynamique au secteur. »

Grégory Bathfield, Project Development Manager d’ALTEO, membre du Biomass Working Group :
« Le National Biomass Framework et une juste rémunération des divers types de biomasses (bagasse, paille de canne et bois) sont très attendus. C’est vital que ce soit officialisé d’ici la fin de l’année sinon nous n’atteindrons pas les objectifs que nous nous sommes fixés. »

Lauréna Erriah, directrice associée de Canopee Engineering :
« En matière de maîtrise de la demande en énergie, il est important d’imposer une réglementation d’isolation thermique pour les bâtiments neufs. C’est une action simple et pas chère. Rien dans la réglementation n’empêche aujourd’hui la construction d’un bunker climatisé toute l’année à Flic-en-Flac. Par contre, construire une maison bien ventilée et avec un système électrique hybride CEB et solaire est un fait illégal. Il y a bien un problème de cohérence. »

Mickaël Apaya, Head of Sustainability & Inclusive Growth :
« Le cadre régulateur favorable à l’investissement privé dans le secteur de l’énergie n’a pas encore été mis en place, et même si des avancées dans la bonne direction ont été faites, il faudrait aujourd’hui pouvoir accélérer ce processus. La digitalisation de l’économie est un autre élément important dans cet écosystème productif et efficace. Les participants du club ont pu débattre de ce sujet en faisant le constat que tout un pan de l’économie mauricienne pourrait être « boosté » avec son potentiel de création de valeur, création d’emplois et d’innovation. »

 

Photo credit: Source: Consofutur.com

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