Le couperet est tombé ce lundi 18 février. L’Employment Relations Tribubal (ERT) a désavoué l’hôtel The Residence dans le bras de fer l’opposant à l’une de ses salariées, Sooleka Dalwhoor, à qui il avait interdit le port du « tikka » durant ses heures de travail. L’instance présidée par le juge Rashid Hossen juge que la décision de l’établissement de Belle-Mare est «irrationnal, unmeasured and undesirable».

L’ERT en appelle à «l’empathie» et la «compassion» de la direction, allant jusqu’à citer un personnage du Roi Lion en lui suggérant d’apprendre de ses erreurs pour mieux appréhender l’avenir. Il rappelle également que le port du «tikka» est reconnu depuis des siècles à Maurice comme étant l’un des signes distinctifs du statut marital d’une femme hindoue.

The Residence, qui est opéré par la Belle Mare Beach Development Company Ltd, a soutenu lors du procès qu’il a décidé d’étendre l’interdiction du port du «tikka» à l’ensemble de son personnel afin de ne pas créer de discrimination. Elle ne touchait alors que les femmes employées en cuisine afin d’être conformes aux normes d’hygiène sous le Hazard Analysis and Critical Control Points (HACCP).

Bibi Wazeerah Badurally Adam, la Corporate Human Resource Manager de l’établissement a admis avoir donné un avertissement à Sooleka Dalwhoor en février 2018 lorsqu’elle l’a vu avec son «tikka». Elle lui a envoyé plusieurs avertissements en écrit jusqu’à ce que celle-ci ne se tourne vers le ministère du Travail.

La Corporate Human Resource Manager a expliqué à l’ERT que la démarche de Sooleka Dalwhoor était sans doute lié au fait qu’elle n’avait pas obtenu de bonus de productivité. Mais, elle a fini par reconnaître que celle-ci est une employée modèle et que le port du « tikka » n’avait aucune incidence sur les finances de l’hôtel.

Cette affaire révélée par la Fédération des travailleurs unis (FTU) avait provoqué une tollé l’an dernier, le ministère du Travail ayant même annoncé des poursuites contre la direction de l’établissement pour discrimination. Il a même tenté une réunion de conciliation, mais la direction a campé sur sa position. Elle a aussi refusé de revenir sur sa décision même lorsque le Parquet ait signalé que cette décision était à l’encontre de la Constitution.

Outre des poursuites contre The Residence, le ministère du Travail avait également invité la police et la Commission des Droits humains à ouvrir une enquête sur l’hôtel. Atma Shanto, président de la FTU, considérait cette interdiction comme une «attaque contre les femmes», après quoi des groupes socioculturels sont montés au créneau.

La direction de l’hôtel a aussi expliqué devant l’ERT que le salut du personnel aux clients «est un namasté qui n’est cependant pas un namasté…»

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