Ils sont remontés. Et les syndicalistes qui siègent au sein du National Wage Consultative Council l’ont fait savoir. Rashid Imrith, Reeaz Chuttoo et Radhakrishna Sadien ont effectué un walk-out, hier, lors d’une réunion du sous-comité sur les composantes des rémunérations. La pomme de la discorde : le bonus de productivité sera pris en compte dans le calcul.

Chuttoo et Sadien s’étonnent de ce fait car, affirment-ils, leurs recommandations sur ce point allaient dans le sens contraire de ce que contient le rapport final de ce comité technique présenté, ce vendredi 15 septembre, par Satyawan Nundoo. Director of Labour Administration & Industrial Relations au ministère du Travail, il préside ce sous-comité du NWCC qui se réunissait pour la cinquième fois depuis avril.

«Le rapport final devrait refléter les débats du sous-comité», insiste Reeaz Chuttoo de la Confédération des travailleurs du secteur privé. Ce qui n’est pas le cas ici, poursuit-il.

«Le NWCC a été mis sur pied parce que les dirigeants politiques sont d’accord sur le principe qu’il y a une mauvaise distribution des salaires», ajoute Chuttoo. Le bonus de productivité, explique-t-il, est un élément de la rémunération variable et déterminé par chaque employeur selon le secteur et ses objectifs. En l’incluant dans le calcul du quantum du salaire minimal, cela équivaut à demander aux employés de «travay kouma bef». Et, «au lieu de corriger les anomalies, on perpétue le système».

Sa crainte, notamment par rapport aux employés de la zone franche : l’exploitation des travailleurs mauriciens, voire leur licenciement s’ils n’arrivent pas à respecter les objectifs de productivité pour faire la place aux travailleurs étrangers.

Les heures supplémentaires et le bonus de fin d’année ne font pas partie des composantes du calcul du salaire minimal, précise Radhakirshna Sadien. Mais comme Reeaz Chuttoo, le syndicaliste est d’avis que le gouvernement tente, à travers le NWCC, de faire «avancer l’agenda de certains du secteur privé» qui rechignent à mettre la main à la poche. «On inclut le bonus de productivité, le gouvernement a introduit le ‘negative income tax’, le secteur sucrier vient d’obtenir un ballon d’oxygène du gouvernement… Que reste-t-il à l’employeur à contribuer au salaire minimal ? A combien ce salaire minimal s’élèvera-t-il ?» s’interroge le président de la All Employees Federation. Qui insiste que ce seuil ne peut «être décidé sur la capacité à produire plus».

Le quantum du salaire minimal n’a pas encore été déterminé. Le conseil attend les chiffres de Statistics Mauritius, notamment sur le salaire médian. La CTSP a suggéré un seuil de Rs 8 500 comme salaire minimal, le chiffre de Rs 10 000 a aussi été évoqué. Mais jusqu’ici, aucune proposition des représentants des employeurs, affirment les syndicalistes.

Le NWCC doit, lui, soumettre ses recommandations au gouvernement le mois prochain. Que comptent faire les syndicalistes en attendant ? Assister à la réunion du NWCC, prévue dans la matinée de ce lundi 18 septembre, et faire connaître leur position au conseil et à son président Beejaye Coomar Appanna.

Le NWCC comprend : le secrétaire financier ; un représentant du bureau du Premier ministre et des ministères du Travail, de l’Agro-industrie, de l’Industrie, du Tourisme ; le président du National Remuneration Board, le directeur du Pay Research Bureau et un représentant de Statistics Mauritius. Le conseil comprend également des représentants d’organisations des employeurs, des syndicalistes du secteur privé et du secteur public, deux académiciens spécialisés en économie et en relations industrielles ; ainsi que deux membres d’organisations de défense des droits des consommateurs.

Photo (à titre d’illustration) : Les salaires dans le secteur textile sont parmi les plus bas.

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