C’est à la demande de Riaz Gulbul que la commission d’enquête sur la drogue l’a entendu. Le quadragénaire a travaillé comme secrétaire et clerc de l’avocat entre 1997 à 2010, puis à nouveau en 2013. Peu de temps après, il a été condamné pour malversation à la suite d’une plainte d’un client de son oncle.

«Eski ou pe rod tir vanzans kont ou tonton?» cherche à savoir d’emblée le président de la commission. «Pas du tout», assure le témoin. Il débute son audition en décrivant la manière dont l’avocat gère ses affaires. Le témoin explique ainsi comment la mère de Parwiza Jeeva, condamnée pour trafic de drogue, est venue trouver l’avocat. Avec de l’argent liquide envoyé par Peroomal Veeren pour défendre sa compagne.

Riaz Gulbul met à mal la version de son oncle. Si les VAT invoices font état de deux paiement de Rs 20 000 + Rs 3 000 de TVA, l’ancien employé de l’avocat affirme que ce sont deux montants de Rs 750 000 qui ont été remis à l’avocat. Le témoin poursuit en expliquant avoir eu des conversations avec son oncle durant lesquelles celui-ci a laissé entendre qu’il fallait que Parwiza Jeeva donne une version des faits permettant de disculper Peroomal Veeren.

Si les deux hommes s’étaient séparés professionnellement en 2010, Riaz Gulbul explique que son oncle a consenti à l’employer à nouveau, et avec un meilleur salaire, en 2013. A la condition de témoigner en sa faveur, car Parwiza Jeeva avait entre-temps porté des accusations contre l’avocat.

Riaz Gulbul poursuit en expliquant ses tâches quotidiennes pour son ancien patron. Notamment l’échange de devises, sans reçus auprès de deux individus. Le témoin explique ainsi avoir, parfois deux à trois fois la semaine, échangé un maximum de £ 1 000 (Rs 44 000) par transaction.

Dans sa correspondance à la commission, Riaz Gulbul avait souhaité discuter des «abnormal activities» de son oncle avec la commission, de préférence à huis clos. Mais Paul Lam Shang Leen balaie la requête et demande plutôt au témoin s’il a déjà reçu des menaces. Oui, de Gulbul, confirme-t-il. Il propose d’étayer ses dires.

Le témoin explique ainsi que la semaine dernière, deux membres de la famille de l’avocat sont venus le trouver en lui proposant Rs 300 000 pour témoigner en sa faveur. «Ankor enn case devir lanket», s’amuse l’ancien juge. «Mo ena prev», assure le témoin en expliquant avoir une bande de sa conversation avec ses interlocuteurs. Qu’il se propose de remettre à la commission d’enquête. Avant d’assurer une nouvelle fois Lam Shang Leen de ses intentions : «Si mo la, se an tan ki so clerk, se pa par vanzans.»

Le témoin est désormais interrogé sur les propriétés de Raouf Gulbul. Celui-ci, dit Riaz Gulbul, lui a confié qu’il a deux propriétés à Londres, contrairement à ce qu’il a précédemment affirmé devant la commission d’enquête. L’ancien employé de Gulbul suggère même à la commission de solliciter les collaborations étrangères qu’il faut pour confirmer ses dires.

Lam Shang Leen s’intéresse à nouveau aux méthodes de travail de l’avocat. Notamment sa manière de gérer ses rentrées d’argent. Riaz Gulbul affirme avoir eu comme instruction de placer l’argent en liquide dans un tiroir précis. Notamment quand la mère et la sœur de Veeren Peroomal ont déposé Rs 750 000 en deux occasions à l’étude de l’avocat.

Riaz Gulbul décrit également le fonctionnement de l’équipe de Gulbul. Il avait deux proches collaborateurs, dont un impliqué dans une affaire de meurtre et de drogue. «La main droite» de l’avocat, explique le témoin, ainsi qu’un autre de ses hommes étaient chargés de rester en contact avec les proches des personnes accusées dans des affaires de drogue. Le témoin précise que les deux préposés de Gulbul reçoivent une commission sur les honoraires de l’avocat.

Il poursuit : si l’avocat envoie ses juniors pour des clients de moindre importance, il faisait personnellement le déplacement pour rencontrer ses clients les plus importants.

Lam Shang Leen veut, du coup, en savoir davantage sur l’avocat et son comportement. «Li ena enn fas kase. Dan biro, li ena enn lot personalite ek an piblik li enn lot. An piblik li trankil, li gard so repitasion», affirme le témoin. Avant d’ajouter que l’ancien candidat du MSM aux élections de 2014 donne parfois des conseils inappropriés à ses clients. Le président de la commission le recadre. Ce n’est pas une enquête sur Gulbul, précise-t-il. «Saki interes nou, se kote letik. Sirtou nou’nn tande li devir lanket, li protez bann trafikan, li protez ti-pwason, saki pa etik.»

Riaz Gulbul demande à nouveau à témoigner à huis clos. Afin d’expliquer les liens de son oncle avec le monde carcéral. A nouveau, Lam Shang Leen lui demande de poursuivre en séance publique. Celui-ci explique ainsi que l’avocat utilise trois ou quatre portables avec notamment des cartes SIM enregistrées au nom du témoin.

Quelques minutes plus tard, le témoin conclut son audition en affirmant être en danger après avoir reçu des menaces de mort. La requête du témoin est accueillie favorable. Le président de la commission ordonnant à Hector Tuyau de fournir une protection policière au témoin.

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