Des saisies de drogues record, des auditions high profile de trafiquants, d’avocats et de politiciens à la commission drogue… L’année 2017 a été marquée par les efforts des autorités dans la lutte contre le trafic, devenu le cheval de bataille du Premier ministre. Pravind Jugnauth en fera d’ailleurs l’un des thèmes de son discours du 12 mars.

Les saisies de drogues pour l’année 2017 atteignent des sommets : plus de Rs 3 milliards de janvier à octobre. Soit trois fois plus que l’année dernière.

Au mois de mars, les autorités mettent la main sur des quantités importantes d’héroïne, dont 135 kilos dissimulés dans des compresseurs au port. Dans le sillage de cette affaire, Sidi Thomas et Geanchand Dewdanee, un sympathisant du MSM, est arrêté. Répliquant à Roshi Bhadain, le leader du parti soleil Pravind Jugnauth dément formellement que sa campagne électorale, en décembre 2017, a été financé par l’argent de la drogue.

Le courtier maritime Navind Kistnah, suspecté d’être le commanditaire, est en cavale à l’étranger avant de finalement rentrer au pays, le 15 avril. Il est appréhendé à sa descente d’avion. Dans le sillage de cette affaire, le patron de Gloria Fast Food est interrogé par la commission anticorruption. Au bout de trois jours d’auditions, Shahebzada Azaree est inculpé sous une charge provisoire de blanchiment d’argent. Lors de son audition, courant décembre, par Paul Lam Shang Leen et ses assesseurs en novembre, il déclare que Siddick Islam est son ami d’enfance.

En juin, l’Independent Commission against Corruption rassemble la police, la Financial Intelligence Unit, la Mauritius Revenue Authority, la Financial Services Commission et les Mauritius Prison Services. L’objectif : mettre en place une plateforme de collaboration inter-agences pour une réponse plus efficace dans la lutte contre le trafic de drogue et le blanchiment d’argent.

Alors que la commission d’enquête contre les drogues a démarré ses travaux le 4 novembre 2015, les auditions de cette année voient défiler hommes et femmes politiques, avocats, trafiquants de drogue notoires mais aussi policiers et gardes-chiourmes.

Condamné à 30 ans de prison, Siddick Islam, dit Ti Ner, met en cause des hauts gradés de l’Anti Drug and Smuggling Unit. Non sans se plaindre à Paul Lam Shang Leen et ses assesseurs de la série d’hommes de loi qui l’ont défendu.

Le mois suivant, soit en août, l’audition de Peroomal Veeren défraie la chronique. Le trafiquant balance des noms à tout-va, incriminant pêle-mêle l’avocat Hervé Duval Jr qu’il aurait rémunéré directement, Mahen Gowressoo, mais aussi Pravind Jugnauth. Veeren affirme avoir contribué financièrement à la campagne électorale du chef du gouvernement. Des accusations que Pravind Jugnauth dément vivement.

Début juillet, Tisha Shamloll détaille les relations de son ancien mentor Raouf Gulbul avec des trafiquants de drogue. Le Senior Counsel aura l’occasion de s’expliquer sur ses relations avec Shamloll et Veeren notamment trois mois plus tard. Non sans parfois exaspérer le président Paul Lam Shang Leen durant les quatre jours que durera son audition.

Gulbul ne sera toutefois pas au bout de ses peines. Son deputy campaign manager et son campaign manager dans le cadre des législatives de 2014, Ashley Hurhangee et Samad Golamaully, l’accusent d’être financé par l’argent issu du trafic de drogue. L’un des chauffeurs d’alors de Gulbul confirme que l’avocat est rentré d’une réunion nocturne à St Pierre avec «boukou kas». Si Raouf Gulbul nie ses allégations à son encontre, il finit toutefois par démissionner de la présidence de la Law Reform Commission et de la Gambling Regulatory Authority.

Autre avocat et membre de la majorité gouvernementale à être auditionné par la commission drogue : Sanjeev Teeluckdharry. Qu’il accusera d’ailleurs d’être un «mudslinging exercise». Quelques jours plus tard, Roubina Jadoo-Jaunbocus s’explique sur ses relations avec des trafiquants de drogue et ses visites en prison.

Au tour de Vikash Rampoortab de justifier, le mois suivant, des appels entre son portable et un numéro retracé en prison. L’avocat plaide en faveur de l’élimination des portables en prison.

Les hommes de loi ne sont pas les seuls à défiler devant la commission Lam Shang Leen. Celle-ci a aussi auditionné, durant l’année, nombre de gardes-chiourmes afin de découvrir d’éventuelles complicités avec les trafiquants détenus, ainsi que des officiers de police. Un ancien responsable d’une équipe de l’ADSU a ainsi été convoqué suite à une lettre de dénonciation qui accuse cette escouade d’avoir volé Rs 1,5 million lors d’une fouille. Des allégations que le sergent rejette en bloc.

Alors que les autorités redoublent d’efforts sur le front de la répression du trafic, le Conseil des religions veut s’engager dans la prévention et insiste sur le soutien aux toxicomanes. Dans son allocution lors de la 3édition de la conférence sur la réduction des risques, Pravind Jugnauth affirme que la politique gouvernementale est basée sur la «compassion» envers les toxicomanes et une «tolérance zéro» vis-à-vis des trafiquants.

Un National Drug Control Master Plan est en préparation.

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