Aujourd’hui, le vrai développement ne peut se faire que par une approche holistique ou systémique, d’où l’urgence d’intégrer la dimension de « sustainability » au cœur de toutes nos initiatives. Il y a sept ans, en tant que citoyens, Stefan Atchia, Jean Pierre Hardy et moi-même dans le « Manifeste pour une Île Durable », paru dans la presse locale, rappelions l’urgence d’un tel paradigme. Il convient désormais de renouer avec cette aspiration en tirant les leçons qui s’imposent de l’expérience du précédent gouvernement.

Le programme de l’Alliance Lepep le souligne clairement : « Notre projet de société accorde une place prépondérante au concept Ile Maurice durable où la protection de nos atouts environnementaux deviendra un leitmotiv dans notre stratégie de développement socio-économique. » Le démantèlement de la Commission MID ne peut donc être la fin du projet. Cela serait présomptueux de réduire ce concept à un organisme ou une personne.

Au-delà du sigle MID, il est question d’une vision de notre développement qui intègre l’environnement au social et à l’économie. Au siècle dernier, nous pouvions prétendre développer sans prendre en compte les limites que nous imposent nos écosystèmes locaux, l’épuisement des ressources, l’accumulation des émissions et des déchets ou encore le manque d’espace. Nous ne savions rien du changement climatique. Notre vulnérabilité comme petit Etat insulaire était à peine perceptible. Les moyens durables de générer l’électricité, par exemple, se limitaient à l’hydro. Surtout, nous ignorions beaucoup des effets de la pollution sur notre santé et des impacts sociaux du développement.

Aujourd’hui, il y a d’abord un enjeu de clarté. Par exemple, nous ne pouvons avoir MID tout en encourageant l’utilisation des énergies fossiles, particulièrement le charbon.

Deuxièmement, l’interdépendance des secteurs comme l’énergie, l’environnement, l’aménagement du territoire, le transport, l’économie et le développement humain nous interdit d’avoir une attitude fragmentée ou « piece-meal » traitant des projets individuellement de manière isolée. Par exemple, le métro-léger a été proposé sans se pencher sur son approvisionnement durable en énergie.

Tertio, une synergie est nécessaire entre les différents « stakeholders », y compris à travers une démocratie plus participative. Par exemple, les collectivités locales n’ont jamais été « empowered » afin de mener à bien le tri sélectif, une condition essentielle d’une gestion intégrée de nos déchets avant de nous permettre de considérer la durabilité de tout projet « Waste-to-Energy ».

Quatrièmement, le long terme doit être privilégié. Toute la politique de maîtrise de l’énergie a souffert, par exemple, parce que certains voulaient à tout prix y voir des gains matériels immédiats. Or, le bénéfice de sensibiliser, former et éduquer pour faire évoluer, voire transformer, les attitudes et les comportements ne se mesure pas comme une vulgaire mise au loto. Celui qui économise l’énergie fera de même pour l’eau et les autres ressources.

Finalement, il faut revoir notre modèle de coopération internationale afin de privilégier le transfert du savoir, du savoir-faire et de la technologie au lieu de multiplier les rapports de consultants étrangers et les missions ou conférences qui n’atteignent pas « lepep ». Dans le contexte post-Kyoto et la mise sur pied de nouveaux fonds pour le Climat, une telle réorientation est nécessaire. Au fait, Rodrigues doit nous servir d’exemple tant en matière d’énergie renouvelable que de petites entreprises vertes locales en passant par l’élimination graduelle des sacs en plastique et l’adaptation au changement climatique.

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