En faisant les louanges de la beauté de Maurice, les médias et les activistes pour la cause environnementale soulignent également sa vulnérabilité face à la crise climatique. Le pays est classé 16au Rapport mondial sur les risques de 2018, fait ressortir un article mis en ligne par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le 17 décembre.

Au cours de ces dernières années, le pays a subi d’intenses cyclones, de grosses inondations ou encore des pluies torrentielles. L’article mentionne ainsi quelques épisodes noirs : les inondations meurtrières à Port-Louis, en 2013, qui ont fait 11 morts ; les 259 sinistrés ainsi que les dégâts à l’agriculture, au réseau électrique et aux infrastructures à Rodrigues suite au passage de Gelena, en février dernier ; l’apparition plus fréquente de cyclones dont les bourrasques pointent à 250 km/h ou plus…

L’impact de la crise climatique ? Le tourisme subit de plus en plus les contrecoups du blanchissement des coraux. Tandis que des plages ont perdu une dizaine de mètres à cause de l’érosion côtière.

Le deuxième plus grand risque après les cyclones : les inondations. Celles-ci provoquent 20% des pertes économiques directes associées aux désastres, précise le PNUD. De celles-là, les dégâts aux maisons sont majoritaires, selon le Global Facility for Disaster Reduction and Recovery.

Mais le réchauffement climatique n’est pas seul en cause. L’urbanisation sauvage, notamment sur des terres agricoles reconverties, a mis à rude épreuve le système national de drainage, note le PNUD. Ce qui a contribué à l’augmentation des «flash floods» (crues subites), et le risque de destruction des logements, des infrastructures et des cultures. Mais aussi un risque accru de maladies vectorielles et hydriques (transmises par des eaux insalubres).

«Seuls quelque 29% de la population sont connectés au tout-à-l’égout», observe Karin Stibbe, déployée par l’Unité conjointe de l’environnement du Bureau de la coordination des affaires humanitaires et du Programme des Nations unies pour l’environnement par le mécanisme de protection civile de l’Union européenne.

Pour l’experte en gestion des risques, l’accès au tout-à-l’égout et à un système de drains figure parmi les «questions les plus urgentes à régler». Plus de trois quarts des foyers sont raccordés à des fosses septiques, qui «débordent durant la saison des pluies», précise Karin Stibbe. «Chaque inondation augmente, par conséquent, les risques de diarrhée et de troubles gastroentérologiques», explique-t-elle.

Les autorités mauriciennes ne sont pas restées les bras croisés, fait comprendre le PNUD. Et de citer l’introduction du «National Disaster Scheme» en 2015 pour réduire les catastrophes naturelles. Ce qui a permis de mettre en place une structure de coordination rassemblant les principaux acteurs intervenant lors de catastrophes naturelles.

De plus, le pays a accueilli, en août 2019 de cette année, un groupe d’experts de la Capacity for Disaster Reduction Initiative. Pour Karin Stibbe, une meilleure collaboration est la clé pour une réponse efficace des autorités. «Alors que les politiques et les institutions sont en place, il y a des lacunes dans la coordination, qui peuvent être minimisées par le partage des connaissances», conclut l’experte.

Aux Assises de l’environnement organisées les 16 et 17 décembre, le ministère de tutelle a souligné que Rs 10 milliards ont été dépensées entre 2017 et 2018 à l’item «Climate Expenditure». De plus, des mesures ont été présentées, à l’instar de l’initiatve «Climate Smart Agriculture» pour le secteur agricole et de la National Renewal Energy Agency pour la production d’énergie verte.

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