Sévèrement ébranlé et malmené par l’opinion publique, le gouvernement tente de reprendre la main dans le jeu politique. La sortie du Premier ministre vendredi aprèsmidi à Flacq pour l’anniversaire de la naissance de Mahatma Gandhi s’inscrit dans cette même stratégie de renverser la vapeur après des semaines de critiques et la contestation de la rue.

Si les premiers déplacements post-Wakashio n’ont pas contribué à apaiser le mécontentement, au niveau du Prime Minister’s Office, on reprend légèrement des couleurs surtout après l’effervescence au Centre Swami Vivekananda où Pravind Jugnauth a remis au goût du jour la pension à Rs 13 500.

Qu’est-ce qui a donc changé ? Au niveau de la communication du chef du gouvernement, on annonce des réajustements. « Nous ne pouvons pas nous permettre de répéter les mêmes erreurs », confie un conseiller. La gestion de la crise et l’opération Damage Control auraient permis, selon notre interlocuteur, de déceler certaines faiblesses de l’équipe du Premier ministre. Et d’y apporter les réponses nécessaires.

« La réponse aux cris de révolte aurait dû être l’apaisement et le dialogue, estime l’historien Jocelyn Chan Low, et non la provocation. »

Ce dernier poursuit et précise que « pendant une crise économique généralement, les chefs politiques tentent de rassembler en tablant sur l’unité nationale mais malheureusement cela n’a pas été le cas ».

« Si diviser la rue et l’opposition et communaliser le débat ont été parmi les premières stratégies de défense, le gouvernement entend changer son fusil d’épaule.» C’est un avis partagé par plusieurs observateurs politiques. Entre-temps, une actualité en chasse une autre. Et avec l’ouverture des frontières, le débat se recentre sur d’autres préoccupations telles que l’économie et la santé avec l’inquiétude d’une deuxième vague de la pandémie de Covid 19.

Les autorités comptent d’ailleurs insister sur une bonne gestion de l’épidémie et continuer d’apporter un soutien financier à ceux qui sont directement impactés. Pour l’observateur Lindsay Rivière, le gouvernement est en mode wait and see. « Il s’agit de laisser passer l’orage et la rue se fatiguera. De toute façon, un gouvernement ne s’écroule pas juste parce qu’il y a des manifestations», avance l’ancien journaliste qui est d’avis que l’image du gouvernement perçu comme intolérant et arrogant s’est considérablement dégradée ces dernières semaines. « Mais pour l’heure, il n’y a pas lieu de paniquer. Ceux au pouvoir laisseront passer la tempête car ils savent qu’ils ont encore quatre ans avant la fin du mandat. » D’autant plus qu’en face, l’opposition et le mouvement Laurette montrent déjà des signes de divergence.

Ashna Nuckcheddy

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