Ce nouveau variant du SARS-CoV-2 pourrait moins bien répondre aux vaccins actuels. Et s’il leur échappe, faudra-t-il les modifier ? Pfizer-BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson planchent déjà sur le sujet. Réponse attendue d’ici à deux ou trois semaines.

Depuis six jours, un vent de panique souffle sur le monde. Le coupable a un nom, Omicron. Apparu en Afrique australe, se propageant de l’Afrique au Pacifique, du Canada à l’Australie et parvenu en Europe, ce nouveau variant du virus SARS-CoV-2 responsable de la pandémie de Covid-19, répondra-t-il aux vaccins actuels ? Et s’il leur échappe – ne serait-ce qu’en partie –, faudra-t-il les modifier ? Si ces questions font débat, les laboratoires n’ont pas attendu pour réagir. Les quatre firmes qui produisent les vaccins utilisés en Occident – Pfizer-BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson – ont toutes annoncé s’être lancées dans cette course.

« Nous serons capables de produire le vaccin en moins de cent jours », a ainsi déclaré Albert Bourla, PDG de Pfizer, à la chaîne américaine CNBC le 29 novembre, citant l’exemple des variants Beta et Delta. Le lendemain, Stéphane Bancel, président de Moderna, indiquait au Financial Times qu’il faudrait « plusieurs mois » avant que la biotech américaine puisse fournir, en quantités massives, un vaccin spécifique ciblant Omicron. Ce délai pourrait être de « six à sept mois », a précisé Dan Staner, vice-président de Moderna, à l’agence Reuters.

D’où vient cette crainte d’une perte d’efficacité des vaccins vis-à-vis d’Omicron ? Identifié au Botswana le 11 novembre, trouvé en Afrique du Sud trois jours plus tard, Omicron a été séquencé dans les semaines suivantes. Le 24 novembre, il était signalé à l’OMS (sous le nom de code B.1.1.529), qui le déclarait « préoccupant » deux jours plus tard. Ce variant, en effet, a accumulé pas moins de 50 mutations. Parmi elles, 32 sont concentrées dans une partie sensible de sa structure : la protéine Spike (spicule), cette fameuse clé qui lui permet d’ouvrir la serrure des cellules humaines, puis de les infecter. Clé que ciblent d’ailleurs les principaux vaccins existants.

« Quand le virus accumule des mutations sur une zone aussi cruciale que cette clé, on peut s’attendre à ce qu’une partie de nos anticorps neutralisants soient moins efficaces, explique le virologue Bruno Lina, membre du conseil scientifique et directeur du Centre national de référence des virus respiratoires à Lyon. Mais ce n’est jamais tout blanc ou tout noir. » Autre élément à prendre en compte, selon lui : la protection conférée par les vaccins repose sur deux composantes, une « réponse anticorps » et une « réponse cellulaire ». Or cette seconde ligne de défense, une fois entraînée par deux doses de vaccin, n’est pas affectée par les mutations du virus : elle devrait continuer à être opérante contre Omicron.

Source : Le Monde

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