Pension de vieillesse ciblée, faire travailler les seniors, inciter plus de femmes et l’expertise étrangère à intégrer la main-d’œuvre à Maurice, le travail à temps partiel… Ce sont là autant de pistes que suggèrent les analystes de MCB Focus pour réduire l’impact d’une population vieillissante sur l’économie.

La baisse dans la population active ralentira la croissance, prévient la dernière édition de MCB Focus intitulée «Mauritius Inc.: Rising up to the demographic time bomb». Outre Statistics Mauritius, il s’appuie sur le rapport du Fonds monétaire international d’avril dernier qui identifie aussi la population vieillissante comme l’un des défis majeurs sur la prochaine décennie.

Pour contrer cela, il faudra des efforts pour soutenir le niveau de productivité, mais aussi augmenter la main-d’œuvre en encourageant plus de femmes et en recourant à l’expertise et aux compétences étrangères, suggère le rapport MCB Focus.

Maurice comptait 1 264 613 habitants en 2017. La population entamera une tendance baissière à partir de 2027, selon les projections de Statistics Mauritius, pour atteindre 1 million en 2057. Une diminution qui s’explique par une plus longue espérance de vie et des taux de fertilité en baisse, une tendance qui n’ira qu’en s’accentuant.

Parallèlement, l’âge moyen calculé à 36,2 ans en 2017, passera à 40,3 ans en 2027 et 50,8 ans en 2057. Le pourcentage de personnes âgées, qui était de 16% en 2017, augmentera à 23% en 2027 et 35% en 2057. Les 65 ans à monter compteront pour 16% de la population en 2027 et 27% en 2057, soit plus d’un quart des habitants.

Si les seniors seront plus nombreux, ce sera l’inverse du côté des personnes actives dans la fourchette des 15 à 64 ans. La tendance baissière s’amorcera vers 2022, passant à 68,7% en 2027, soit près de 3 points de moins qu’en 2017, et 61% en 2057.

Concrètement, cela signifiera que le ratio de personnes comptant dans la population active et de seniors de 65 ans et plus diminuera de moitié sur la même période. Statistics Mauritius projette, en effet, qu’il passera de 6,7 en 2017 à 3,2 en 2027 et 2,3 en 2057.

Les bénéficiaires de la pension de vieillesse grimperont à 288 000 en 2027 et 325 000 en 2037, contre 207 000 en 2017.

Un plus grand nombre de seniors ajoutera une pression supplémentaire sur la dette publique, déjà élevée. En effet, l’enveloppe consacrée par l’Etat aux pensions, au transport et au système de santé publique – qu’il faudrait d’ailleurs réformer – sera plus importante et donc pas sans conséquence sur la balance fiscale de Maurice, relève MCB Focus.

Afin de maintenir la croissance économique à 4%, voire la booster, le nombre de femmes qui travaillent devra augmenter bien au-delà des 45% de la main-d’œuvre actuelle, suggèrent les analystes de la MCB. Il faudrait aussi inciter fortement le retour de Mauriciens de la diaspora hautement qualifiés et expérimentés. Quid des étrangers ? Le ratio devra passer «de 5% actuellement à 40%».

Pour inciter plus de femmes à travailler, il leur faudrait un système légal et fiscal plus avantageux, selon MCB Focus, et encourager une politique de salaire égal pour travail égal. Le travail à temps partiel, avec des protections légales, est une autre option à examiner pour les femmes et les personnes âgées.

Il ne faudra pas non plus négliger l’apport des personnes âgées elles-mêmes, qui sont une «ressource expérimentée et productive». MCB Focus propose, à ce titre, d’élaborer une stratégie nationale relative aux compétences, comme au Portugal. Cela prendrait en compte à la fois les seniors et mettrait en place des formations de meilleure qualité dans divers domaines, notamment ciblant les plus jeunes.

Maurice pourrait aussi s’inspirer des Finlandais et de leur programme national pour les personnes âgées afin notamment d’encourager les habitants de 45 à 64 ans à travailler plus longtemps et les aider à s’adapter.

Photo d’archives

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