Le début de séance bon enfant cède vite la place à quelques échanges acerbes entre Anwar Husnoo et Xavier Duval. Le ministre de la Santé n’apprécie que très peu l’allusion du leader de l’opposition à l’effet qu’il fait du «ti dimounn bashing». Celui à qui la Private Notice Question du jour est addressée accuse illico Duval. «You are playing cheap politics!» s’emporte Husnoo.

Les troupes bleues viennent en renfort et donnent de la voix, mais leur chef les appelle au calme. Duval suggère au ministre de la Santé d’instituer un fact-finding committee (FFC) pour enquêter sur la mort du nouveau-né. Pravind Jugnauth se retourne vers son ministre. «Depi di-z-an, pa ti ena fact finding committee», remarque-t-il avec sarcasme.

Thierry Henry a à peine le temps de lancer une pique contre le ministre. Celui-ci le fusille du regard et le pointe du doigt: «Non ! Twa pa koze.» L’élu du PMSD se rebiffe, puis tente une contre-attaque timide. «Laont lor twa», dit-il en regardant Husnoo.

Xavier Duval ayant fini avec ses questions supplémentaires, il laisse la place à Arvin Boolell. Celui-ci ne fait pas dans la nuance et accuse le ministre d’avoir induit le Parlement en erreur. Le commentaire déclenche un brouhaha dans les travées de la majorité. Au milieu de la cohue, sir Anerood Jugnauth pique une grosse colère. «Sovaz la!» répète-t-il quelques reprises.

Duval, entre-temps, réitère son appel pour un FFC au moment où le temps imparti pour la PNQ se termine. Mais, leurs micros éteints, les deux hommes continuent à croiser le fer. «To kapav ziz mwa twa?» défie Husnoo. «Ale do ta, gopia», assène Duval. Le ministre de la Santé ne lâche pas prise : «Twa ki pli gran gopia.» Le leader de l’opposition fait dans le comique : «Gopia, gopia, gopia», répète-t-il en secouant les épaules.

La séance de questions au Premier ministre démarre et les questions s’enchaînent. La question de Veda Baloomoody sur les billets de banque arrive à la fin de cette tranche. Pris dans l’action, Patrice Armance et Malini Sewocksingh demandent à poser des questions supplémentaires. Mais voyant que le temps imparti est presque terminé, ils font signe à la Clerk de l’Assemblée nationale. Lui indiquant qu’ils ne souhaitent pas questionner le Premier ministre. Afin d’arriver rapidement à la question d’Arvin Boolell sur le banquet offert en l’honneur du prince Abdulaziz duquel les femmes étaient exclues.

Le sujet passionne toutefois Ravi Rutnah qui interroge le Premier ministre. Jugnauth prend tout son temps et donne moult détails au député de sa majorité. Ce qui agace l’opposition. Les députés le font d’ailleurs savoir. Xavier Duval étant absent, c’est Paul Bérenger qui agit comme harangueur en chef de l’opposition. «Nou al l’Arabie Saoudite enn fwa do!» rigole le leader du MMM. «L’Arabie Saoudite !?» demande Pravind Jugnauth, en faisant mine de ne pas comprendre l’allusion de Bérenger.

La Speaker essaie de ramener l’ordre et demande à l’opposition de laisser le Premier ministre répondre à la question posée par le député du Muvman Liberater. Mais Rajesh Bhagwan veut expédier la chose. «Next question, next question, next question», presse l’élu du MMM. En face, le chef du gouvernement fait de l’esprit face à l’attitude de l’opposition. En expliquant qu’il ne sait pas «si c’est à faire rire ou à faire pleurer». «A faire bourer!», coupe le patron du MMM. Les éclats de voix se font à nouveau entendre.

Maya Hanoomanjee a entendu la boutade de Bérenger et lui demande de retirer son mot. «Which word? Gopia?» ironise l’élu mauve. Celui-ci s’emporte quand la Speaker lui demande d’obtempérer, expliquant qu’il a déjà retiré le mot unparliamentary. Pravind Jugnauth achève sa réponse tandis que Maya Hanoomanje annonce que les 30 minutes de PMQT sont terminées.

Dans la cohue, Pravind Jugnauth regarde l’opposition avec un sourire narquois en rangeant ses dossiers. En face, on le regarde avec défiance. Arvin Boolell se lève en invoquant un Point of order. Il demande à la Speaker de s’assurer que le Premier ministre réponde dans les temps afin que le maximum de questions d’importance nationale puissent être discutées.

Maya Hanoomanjee explique qu’elle chronomètre les réponses afin de s’assurer que leur durée est raisonnable. L’explication ne convainc pas l’opposition qui donne de la voix. La Speaker regarde en direction de Rajesh Bhagwan en exigeant le calme. Ce qui a le mérite d’énerver l’élu de Beau-Bassin/Petite-Rivière. «Are you shouting at me again?» demande Bhagwan. Maya Hanoomanjee prévient qu’elle ne laissera personne lui parler en haussant le ton. «Have I shouted at you?» rétorque Bhagwan avec sarcasme.

Pendant qu’il se relève, puis se rassied, l’élu mauve ne remarque pas Arvin Boolell qui essaie de prendre la parole dans son dos. Finissant par s’en rendre compte, il laisse le micro à l’élu du Parti travailliste. Celui-ci s’en prend à la Speaker, l’accusant de ne pas assumer ses responsabilités. «Shame! Shame!», reprennent des membres de l’opposition.

La Speaker ramène le calme pendant juste assez de temps pour demander à Arvin Boolell s’il entend défier son ordre. Rajoutant qu’elle donne une «fair chance» à chaque député de poser ses questions. L’opposiiton s’emporte à nouveau. En face, les membres du gouvernement parlent entre eux, sans vraiment prêter attention au tumulte.

Maya Hanoomanjee demande à Boolell de retirer ses propos. Celui-ci se lève en ne donnant aucune intention de vouloir suivre la directive, ce qui entraîne une série de «Withdraw! Withdraw!» des travées de la majorité. La Speaker les calme avant d’expliquer à Boolell qu’il a le choix. Entre retirer ses propos ou en assumer les conséquences. Celui-ci ne cède toujours pas, affirmant avoir énoncé un fait. Maya Hanoomanjee tente à nouveau de le raisonner. Boolell persiste.

A 12h43, la sanction tombe. «I order you out», tranche la Speaker. L’élu rouge rassemble ses affaires mais reste à sa place. Puis se lève à nouveau pour parler dans son micro, éteint. Il maintient n’avoir rien dit d’«unparliamentary ». Intransigeante, la Speaker rappelle sa décision de l’exclure de la séance du jour dans le brouhaha général. Paul Bérenger tente de se lever pour invoquer un point of order, mais Maya Hanoomanjee suspend momentanément la séance.

La Speaker quitte l’hémicycle pendant que les députés de l’opposition, dont Paul Bérenger, s’agglutinent autour de Boolell. Malini Sewocksingh plaisante avec Fazila Jeewa-Daureeawoo. Pravind Jugnauth, Ivan Collendavelloo et sir Anerood Jugnauth sont à leurs places et vaquent à leurs occupations et discutent entre eux.

La Speaker fait alors appeler Boolell dans son bureau. «La place d’un député est au sein de l’hémicycle et non en dehors», explique Maya Hanoomanjee à son interlocuteur. Elle offre trois solutions à celui-ci. Premièrement, revenir dans l’hémicycle et présenter ses excuses, amenant la Speaker à annuler son ordre d’exclusion. Deuxièmement, accepter la sanction. Troisièmement, l’ignorer mais en acceptant alors la possibilité de sanctions plus graves.

Arvin Boolell demande à la Speaker de pouvoir consulter ses camarades de parti et repart. Dix minutes plus tard, il annonce à Maya Hanoomanjee qu’il entend accepter la sanction.

A 13h13, la sonnerie retentit à nouveau. Arvin Boolell est à sa place quand Maya Hanoomanjee regagne son perchoir. Avant même que la Speaker ne se mette à parler, le député PTr se lève alors et quitte l’hémicycle. Le départ soudain prend certains députés de l’opposition par surprise, ils s’empressent alors de suivre le député exclu pendant que Maya Hanoomanjee interrompt la séance pour la pause déjeuner.

Dans les couloirs encombrés, certains plaisantent en suggérant de bloquer le couloir pour que la Speaker ne puisse pas passer. Maya Hanoomanjee ordonne aux policiers affectés à l’Assemblée nationale de dégager le passage afin qu’elle quitte l’hémicyle.

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