Les journalistes arrivés tôt dans la galerie de la presse témoignent d’une scène cocasse. Assis à la place du sergeant at arms, Raj Dayal est en grande conversation au téléphone. En bhojpuri, il discute d’un évènement et donne des directives.

Peu à peu, les autres élus arrivent. Reza Uteem, Shakeel Mohamed, Malini Sewocksingh et Ravi Rutnah se suivent. La vice Prime minister salue les journalistes en allant à sa place. Dans la galerie d’honneur, le trésorier du PMSD est fidèle au rendez-vous. Deux diplomates sont également présents. L’ambassadeur de France à Maurice, Emmanuel Cohet. Ainsi que le haut-commissaire de Maurice en Inde, Jagdish Goburdhun.

Peu avant que la sonnerie ne retentisse, Mahen Jhugroo, Eddy Boissezon, Sharvanand Ramkaun et Sudhir Sesungkur sont en grande conversation à l’entrée des travées. La troupe se sépare toutefois pour laisser passer Pravind Jugnauth qui est suivi par sir Anerood Jugnauth.

Le ministre mentor n’est pas accompagné de son garde du corps qui porte habituellement ses dossiers. En arrivant à sa place, Fazila Jeewa-Daureeawoo se charge de lui indiquer l’endroit où ses dossiers ont été posés préalablement.

Xavier Duval entre à la dernière minute, suivi du gros des troupes bleues. Seuls Dan Baboo et Salim Abbas Mamode bifurquent pour serrer brièvement la main aux ministres Soodesh Callichurn, Nando Bodha et Prem Koonjoo.

Voyant Bobby Hureeram parler au chef du gouvernement, Ken Arian hèle le Chief Whip. Le conseiller en communication du Premier ministre glisse quelques mots à l’oreille de l’élu du MSM, qui repart aussitôt terminer sa conversation avec son patron.

Comme d’habitude, la séance débute par l’hymne national. Debout et regardant droit devant eux, Pravind Jugnauth et Xavier Duval n’ont pas l’air ravis de se retrouver l’un devant l’autre.

La Private Notice Question (PNQ) du jour débute. La lecture de la question du leader des bleus est interrompue par le déclenchement intempestif de l’assistant vocal du téléphone portable d’un député de l’opposition. On cherche le coupable. Mais il ou elle s’est fait discret(e).

C’est le ministre mentor qui répond à la question adressée au Premier ministre. Plongé dans ses notes, celui-ci n’accorde pas grande attention aux propos de SAJ. Les conseillers du gouvernement sont, eux, beaucoup plus concentrés. Nayen Kumar Ballah, sir Bhinod Bacha, Jean François Chaumière, Dev Beekharry, Rudy Veeramundar et Ken Arian écoutent attentivement le ministre mentor. Celui-ci a également toute l’attention de Sanjeev Teeluckdharry, qui défend régulièrement des personnes se plaignant de brutalité policière.

La nomination de deux proches du MSM, dont l’avocat Dick Ng Sui Wa, au sein de la future Independent Police Complaints Commission fait bondir l’opposition. «Agents politiques !» crie-t-on des travées du MMM. Dick Ng Sui Wa n’est pas là pour entendre les quolibets, il arrive dans la galerie publique après la fin de la PNQ.

Comme à son habitude, SAJ répond de manière laconique quand il ne botte pas carrément en touche. Ce qui agace le leader de l’opposition qui rappelle régulièrement que c’est au Premier ministre que la PNQ du jour était adressée. Las d’entendre ce reproche de l’opposition, Pravind Jugnauth s’emporte: «Ki pran li ankor!?»

L’opposition continue à chahuter SAJ qui prend son temps pour répondre. Roubina Jadoo-Jaunbocus se charge de les ramener à l’ordre. Prenant soin de ne les apostropher que quand la Speaker ne regarde pas dans sa direction.

SAJ continue à dire qu’il n’a pas d’éléments de réponse à certaines questions. Shakeel Mohamed cache mal sa frustration. «What can you say?» demande-t-il à l’ancien Premier ministre. Dans la travée des conseillers, Dev Beekharry griffonne énergiquement sur un bout de papier qu’il fait envoyer au ministre mentor alors qu’on est déjà passé à la prochaine question supplémentaire.

Le ministre mentor marque un temps d’arrêt en recevant la note. Il lit, puis esquisse un sourire avant d’interpeller Duval: il était au gouvernement pendant plus d’une décennie, qu’a-t-il fait pour remédier au problème évoqué? Les députés de l’opposition prennent la mouche face à cet argument maintes fois ressassé. «Ayo, mars-marse do ta», entend-on en provenance des rangs du PMSD. Ce ne sont pas seulement les bleus, mais toute l’opposition qui peste contre Dev Beekharry. «Pe rod twa dan Rose-Hill laba, Beekharry», lui lance Rajesh Bhagwan.

Paul Bérenger, Xavier Duval et Shakeel Mohamed fixent tous le conseiller du ministre mentor. «Shame!» crie le député du Parti travailliste. Incapable de répliquer, Beekharry rumine sa colère. L’élu rouge n’en a pas fini avec le proche de SAJ. Dès que celui-ci dit à nouveau ne pas avoir de réponse à une question, Mohamed s’emporte: «You can ask Mr Beekharry.»

Duval renonce à poser d’autres questions supplémentaires. Maya Hanoomanjee permet donc à Alan Ganoo d’en poser une. La formulation tortueuse de l’élu du Mouvement patriotique amène toutefois la Speaker à manier le couperet. D’habitude très calme, l’élu de Savanne/Rivière-Noire (no 14) ne veut pas se laisser faire. «I want to complete my sentence. Only one word», plaide-t-il. Maya Hanoomanjee ne cède pas. «I would have finished by now. Two words only», tente à nouveau Ganoo. Mais la Speaker ne veut rien entendre, ce qui met l’élu du no 14 hors de lui. «You are depriving me. This is bullying», accuse-t-il, sans effet.

Patrice Armance est autorisé à poser la dernière question supplémentaire de la PNQ, il interpelle SAJ en français. Mais visiblement, celui-ci saisit mal la question sur les méthodes d’interrogatoire et répond à côté. Adrien Duval tente de le ramener sur le sujet. Avec de grands gestes de la main en direction de SAJ, il explique : «Tir linz. Met touni. Sa gagn drwa sa!?»

La PNQ terminée, Rajesh Bhagwan peut poser sa question sur le financement des partis politiques. Le sujet passionne Duval qui lève la main pour poser des questions supplémentaires. Ce que lui permet la Speaker. Les autres députés de l’opposition regardent le chef des bleus en coin, celui-ci rappelle qu’il a présidé un comité gouvernemental du temps de l’alliance MSM-PMSD-ML sur la question pour justifier qu’il prenne la parole.

Habitué des méthodes expéditives, Rajesh Bhagwan parle avec douceur à la Speaker: «Apre li, les mwa.» Maya Hanoomanjee lui permet de poser sa question, puis accorde leurs tours à Kavy Ramano et Alan Ganoo. D’autres députés du PMSD veulent se mettre de la partie. Mais c’est Arvin Boolell qui retient l’attention de la Speaker. «Bez sa, li get figir, li donn kestion», plaisante Thierry Henry. Ce qui déclenche une franche rigolade chez l’élu rouge de Belle-Rose/Quatre-Bornes.

On enchaîne sur une question d’Aadil Ameer Meea sur la MauBank. Après avoir écouté la réponse de Pravind Jugnauth, le député mauve s’étonne qu’il ne choisisse pas de répondre en même temps à une autre question au sujet de la banque. La remarque agace le Premier ministre. L’élu de l’opposition insiste, déclenchant la colère de SAJ: «Enn problem sa? Foutour! Fouf!!!»

Dans la cohue, Aadil Ameer Meea ne prête pas attention à une partie de la réponse de Pravind Jugnauth et évoque une zone d’ombre. Xavier Duval cherche à récupérer le coup, il se retourne et prévient l’élu de Port-Louis Maritime/Est que Pravind Jugnauth a déjà répondu à la question. Mais le coup est déjà parti. Le Premier ministre s’énerve : «How do I make the honourable member understand?» Ameer Meea se rend compte de sa bévue et se corrige. «Listen!» lui intime SAJ.

Le Prime minister’s question time bouclé, la Speaker annonce que des questions ont été retirées dont celle de Bashir Jahangeer à l’intention d’Ivan Collendavelloo. «Mari presion to’nn gagne sa», lance Thierry Henry à l’élu du MSM.

Après une question sur le Metro Express adressée à Nando Bodha, c’est à nouveau le ministre mentor qui prend la parole sur le sujet du law and order. Ravi Rutnah pose une question supplémentaire par rapport à la manière dont les détenus sont traités. «Pe met zot touni», estime Patrice Armance. «Pe touy zot dan stasion», affirme Adrien Duval. «Pe fwet zot», renchérit Shakeel Mohamed. «Pe fer zot dans sega», rigole Paul Bérenger. L’élu rouge complète la litanie : «Pe chop chop their fingers.»

Imperturbable, SAJ poursuit sa réponse et la termine sous les tap latab d’un seul membre de la majorité : son colistier Ravi Rutnah. Ce qui n’échappe pas aux députés de l’opposition. «To tousel pe tap latab», tance Mohamed. «Chamcha», en rajoute Bhagwan. Quelques minutes plus tard, la séance levée pour la pause déjeuner, Rutnah suit SAJ en parlant avec lui. Pendant qu’Ivan Collendavelloo, Mahen Jhugroo et Pravind Jugnauth discutent.

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