Si son nom ne figurait pas dans la liste des questions parlementaires prévues ce mardi 17 mai, celles réclamant des détails sur les compagnies de paris ayant obtenu leurs permis à partir de janvier 2015 ont immanquablement bifurqué sur Sandhya Boygah. La presse locale a, en effet, révélé il y a quelques jours qu’Empowering People Ltd, qui appartient à la Parliamentary Private Secretary (PPS), a récupéré ses permis auprès de la Gambling Regulatory Authority (GRA).

Le Premier ministre a, d’emblée, précisé qu’il n’y a pas de nouvel opérateur, hormis le Casino de Grand-Baie qui a reçu son permis d’opération en janvier. Toutefois, la GRA a émis des permis pour « rectifier des injustices », a indiqué SAJ – ce qui lui a valu les ricanements du MMM – et restituer ceux d’Empowering People Ltd ainsi que des bookmakers Louis Jocelyn Lee Shim et Ashley Singh Jankee.

Pendant la longue réponse de SAJ et que les questions supplémentaires fusent, Sandhya Boygah reste impassible, tête baissée, semble-t-il absorbée par ses papiers.

Le permis de la compagnie de Boygah avait été révoqué le 29 juillet 2011 pour non-paiement au National Solidarity Fund des gains non réclamés. Or, elle avait réglé cette somme le 8 avril, soit 46 jours après avoir été notifiée par le régulateur. Estimant que la décision de la GRA n’était ni raisonnable, ni proportionnelle à ce qui lui était reprochée, la compagnie avait saisi la Cour suprême, qui a accédé à sa requête pour une judicial review.

Le 7 décembre 2015, explique SAJ, Antoine Domingue, conseil légal de la GRA, a avisé le conseil d’administration de revoir la décision de révoquer la licence d’Empowering People Ltd. Recommandant dans la foulée  que la compagnie soit sous le coup d’une amende de Rs 50 000. Un cabinet indépendant, Legis Consult, a secondé cet avis le 13 avril, dit le Premier ministre.

Les permis d’Ashley Singh Jankee et de Louis Jocelyn Lee Shim leur ont été restitués après avoir obtenu le feu vert du Mauritius Turf Club et de la Mauritius Revenue Authority.

SMS Pariaz Ltd a, pour sa part, obtenu un permis pour les fixed odd bettings sur les championnats de foot internationaux le 14 décembre 2015. Bien que figurant « en tête de liste », en janvier 2013, d’une évaluation, c’était le « seul opérateur majeur » à ne pas pouvoir prendre de paris dans ce créneau.

C’est sur le terrain des accointances politiques que l’opposition a attaqué ce dossier. Rajesh Bhagwan a voulu savoir si Raouf Gulbul, président de la GRA, Dev Beekharry, Senior Advisor au Prime minister’s office, ont « défendu ces cas » au niveau du régulateur. « Je n’étais pas au courant que mon conseiller était avocat de la défense », rétorque SAJ. « Il assure aussi la défense du ‘financeur’ du MSM », balance Bhagwan. L’octroi de ces permis, relève en outre le député MMM, est en contradiction avec la décision du gouvernement de ne pas en octroyer. « Nous devons nous conformer aux avis légaux », répond le chef du gouvernement.

Gulbul, insiste le parlementaire mauve en soumettant un jugement de la Cour suprême à l’Assemblée nationale, a agi comme avocat pour SMS Pariaz. Gulbul et Beekharry, estime Bhagwan, se comportent « en propriétaires de la GRA ». Anil Gayan lui lance une remarque qui n’est pas à son goût. « Mo pa koz ar twa, mwa », rétorque Bhagwan.

Alors que le Premier ministre entame sa réponse, Etienne Sinatambou balance à Bhagwan : « Ala to pou tande la ! » La réponse de celui-ci : « Tansion to revoke kouma ek Ramgoolam ! Gelar ! » Le chef du gouvernement, serein : « Je tiens à souligner que Gulbul faisait partie du MMM. »

Ravi Rutnah a, lui, requis la liste des compagnies ayant obtenu des licences pour organiser des paris sur le football et les courses entre 2000 et 2014. « Je le ferai », a promis SAJ.

Cette partie de la séance consacrée au Prime minister’s Question Time a été marquée par les protestations d’Adil Ameer Meea. Le député n’a, en effet, pas pu poser de questions. Ses remarques, en position assise, à l’effet qu’il avait la main levée « depuis au moins cinq minutes » mais que la Speaker l’ignorait n’ont pas plu à celle-ci. Maya Hanoomanjee a rappelé à l’ordre le député mauve : « Je décide qui pose les questions. » « Si cela vous convient », commente Shakeel Mohamed, qui accepte par la suite de retirer ses propos. Il récidive toutefois quelques instants plus tard, estimant « injuste » que la Speaker accorde la parole à Rutnah et toujours pas à Ameer Meea. « Il me revient de décider », insiste Maya Hanoomanjee.

Photo d’archives

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