Trois soldats français ont été tués, lundi 28 décembre, victimes d’une bombe artisanale, dans la zone des « trois frontières », dans le centre du Mali, où la force antiterroriste française Barkhane concentre ses efforts depuis janvier. « Leur véhicule blindé a été atteint par un engin explosif improvisé alors qu’ils participaient à une opération dans la région de Hombori », a annoncé la présidence française dans un communiqué.

La mort de ces soldats appartenant au 1er régiment de chasseurs de Thierville-sur-Meuse (Meuse) porte à 47 le nombre de soldats français tués dans les opérations « Serval » (2013) et « Barkhane » (depuis 2014), selon l’état-major. Le bilan s’établit à 48 si on y ajoute un soldat mort au Tchad en 2013 dans le cadre de l’opération Epervier.

Le brigadier-chef Tanerii Mauri et les chasseurs de 1re classe Quentin Pauchet et Dorian Issakhanian, qui appartenaient au 1re régiment de chasseurs de Thierville-sur-Meuse (Meuse), effectuaient une mission d’escorte, dans une zone frontalière du Niger et du Burkina Faso.

Le président, Emmanuel Macron, a fait part dans un communiqué de sa « très grande émotion » après avoir appris la mort des trois soldats.

Le chef de l’Etat « salue avec le plus grand respect la mémoire de ces militaires, morts pour la France (…). Il s’associe à la douleur de leurs familles, de leurs proches et de leurs frères d’armes et les assure de la reconnaissance et de la solidarité de la nation ». Il « exprime son entière confiance aux militaires français déployés au Sahel, salue leur courage et rappelle la détermination de la France à poursuivre la lutte contre le terrorisme ».

Persistance des violences djihadistes

Dans un message de condoléances, le président de transition malien Bah Ndaw a exprimé sa « gratitude à la nation française pour l’engagement multiforme et militaire en particulier, aux côtés du Mali et ce, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. »

Ces derniers mois, l’armée française – qui a déployé 5 100 hommes au Sahel – et celles des pays africains du G5 Sahel ont multiplié les offensives, en particulier dans la zone dite des « trois frontières ». Le chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre, s’était d’ailleurs rendu à Hombari ainsi qu’au Niger les 10 et 11 décembre. Il avait alors salué les « nombreux succès tactiques » et « l’amélioration de la situation sécuritaire dans la zone ».

Le général Lecointre et la ministre des armées Florence Parly se sont inclinés devant la mémoire des trois soldats et ont présenté leurs condoléances à « leurs familles, leurs proches et leurs frères d’armes »« Ils sont morts dans l’accomplissement de leur devoir, alors qu’ils étaient engagés dans une zone où des groupes terroristes attaquent les populations civiles et menacent la stabilité régionale, tout comme notre propre sécurité », a dit Mme Parly.

Les trois soldats étaient âgés de 21, 23 et 28 ans. Pilote de véhicule blindé léger, tireur antichar et adjoint chef de patrouille, ils étaient déployés pour la première fois au Sahel depuis la mi-novembre. Ils n’ont pu être ranimés malgré « l’intervention immédiate de l’équipe médicale présente dans le convoi et les soins prodigués », a déploré l’état-major des armées dans un communiqué. « Des moyens d’observation et de protection aérienne ainsi qu’une force rapide de réaction au sol ont aussitôt été déployés afin de garantir la protection des éléments. »

 

Barkhane et la force conjointe du G5 Sahel ont revendiqué la « neutralisation » de plusieurs dizaines de djihadistes ces dernières semaines. Face à ces succès, la France envisage un retour à ses effectifs d’avant le sommet de Pau – ils avaient alors été augmentés de 600 soldats. Une telle réduction est toutefois jugée risquée par le commandant de la force conjointe du G5 Sahel, le général nigérien Oumarou Namata Gazama. « Ce serait prématuré d’envisager cela (une réduction de Barkhane) et hasardeux pour le G5 Sahel », a-t-il dit.

 

Face à la persistance des violences djihadistes, doublées de conflits intercommunautaires, les autorités de transition au Mali n’excluent pas d’engager des négociations avec des groupes armés, comme le faisait le président Ibrahim Boubacar Keïta, emporté par un putsch en août. La France, qui affiche une position plus intransigeante, a admis ne pas s’opposer à des négociations entre les Etats sahéliens et certains éléments djihadistes, à l’exception fondamentale des directions d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.

Source: LeMonde.fr

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