Le choix des laboratoires pharmaceutiques de se fixer sur les symptômes s’explique aisément. Lors des essais cliniques, repérer les symptômes (fièvre, toux, perte de goût…) chez quelques dizaines ou centaines de personnes est beaucoup plus simple – et moins cher – que de réaliser des tests virologiques chaque semaine chez plusieurs dizaines de milliers de volontaires. « Surtout, sur le plan de la santé publique, ce sont bien les malades qui posent un problème, notamment ceux qui développent des formes graves. Si le Covid-19 se contentait de nous infecter comme un rhume banal, on n’aurait pas besoin d’un vaccin », souligne Guy Gorochov, responsable du centre d’immunologie et des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).

« Marges d’erreur trop importantes »

La question de la simple infection n’est pas pour autant anodine. Elle peut orienter la politique vaccinale. Si un vaccin fait véritablement barrière au virus, il peut paraître prioritaire d’immuniser les supercontaminateurs potentiels, ceux qui rencontrent beaucoup de monde – médecins, chauffeurs de bus, caissières de supermarché. Si, au contraire, il ne permet d’éviter que les symptômes, alors priorité doit être donnée aux personnes les plus susceptibles de développer des formes graves, à commencer par les personnes âgées.

C’est du reste l’argument qu’a développé la Haute Autorité de santé (HAS) dans ses recommandations. Pour l’heure, « c’est la protection individuelle des personnes à risque qui est privilégiée car ce sont les seules données dont nous disposions, expliquait au Monde Daniel Floret, vice-président de la commission technique de vaccination de la HAS, lors de la présentation de cette stratégie. Si nous obtenions de nouvelles données, nous pourrions faire évoluer nos priorités. »