« Rendez-vous le 6 janvier à Washington ! » Donald Trump a démarré l’année 2021 par un échec majeur, infligé par les républicains du Sénat, qui se sont joints aux démocrates, vendredi 1er janvier, pour renverser le veto qu’il avait opposé, le 22 décembre 2020, au budget de la défense.

Le président américain n’en a pas pour autant changé de stratégie : à dix-neuf jours de la passation des pouvoirs, il continue à encourager ses partisans à contester le résultat de l’élection du 3 novembre. « Le GRAND rassemblement de protestation à Washington aura lieu le 6 janvier, à 11 heures », a-t-il tweeté (et retweeté) depuis sa résidence de Mar-a-Lago (Floride), peu après le vote au Sénat. « Arrêtez le vol ! »

Moins de trois semaines avant son départ de la Maison Blanche, les républicains ont finalement tenu tête au 45e président des Etats-Unis. C’était le neuvième veto de son mandat, mais c’est la première fois que le Congrès réunissait la majorité requise pour passer outre : deux tiers des votes.

La loi (National Defense Authorization Act), qui répartit 740 milliards de dollars (605 milliards d’euros) de dépenses militaires, a été adoptée (81 voix contre 13) par les sénateurs, exceptionnellement réunis un 1er janvier (six n’ont pas pris part au vote). La Chambre des représentants avait déjà voté dans le même sens le 28 décembre ; 109 républicains s’étaient alors joints aux 212 démocrates partisans de contourner le veto.

Réforme de la section 230

Donald Trump s’opposait au texte pour plusieurs motifs. Il souhaitait qu’y soit incluse une réforme de la section 230 de la loi sur la décence dans les communications, le dispositif qui permet aux réseaux sociaux d’éviter d’être poursuivis pour les contenus qu’ils publient. Les républicains, qui, comme les démocrates, sont partisans d’une réglementation plus stricte, ont estimé que le sujet n’avait rien à voir avec le budget de la défense. Dans la Silicon Valley, on se demande encore pourquoi M. Trump, qui est le premier à en bénéficier, insiste pour abroger un article de loi qui lui permet de dire tout ce qu’il veut sur Twitter.

Le président républicain s’opposait aussi à ce que soient débaptisées les bases militaires portant le nom de généraux sudistes de la guerre de Sécession (1861-1865), une revendication née dans la foulée du mouvement Black Lives Matter. Il entendait enfin avoir toute latitude pour réduire les effectifs en Allemagne et en Afghanistan. Finalement, la loi entrera en application en l’état : le président devra en référer au Pentagone, qui devra certifier que le retrait des troupes ne met pas en danger la sécurité nationale. Et les bases militaires devront changer de nom dans les trois ans.