Depuis plusieurs jours, l’apparition sur le territoire britannique d’un variant du SARS-CoV-2, dont la transmission est 40 % à 70 % plus importante, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a isolé le pays. Alors que près de cinquante pays ont suspendu temporairement tout échange avec le Royaume-Uni, plusieurs discussions devaient permettre d’établir des protocoles pour tenter d’éviter la propagation de la nouvelle souche, tout en évitant l’isolement des îles britanniques.

Après avoir totalement suspendu pour quarante-huit heures les déplacements de la Grande-Bretagne vers son sol, la France autorise ainsi à partir de mercredi 23 décembre, sous réserve de test Covid négatif, le retour du Royaume-Uni des Français et des personnes qui résident en France ou dans l’espace européen, ou qui « doivent effectuer des déplacements indispensables », a annoncé mardi Matignon.

  • Reprise limitée des flux de personnes du Royaume-Uni vers la France sous condition sanitaire de tests négatifs

Les personnes concernées seront « systématiquement soumises à l’obligation de disposer, avant le départ, du résultat d’un test négatif [au Covid-19] de moins de soixante-douze heures », soit PCR, soit antigénique, à condition qu’il soit sensible au nouveau variant mis en évidence outre-Manche, a précisé Matignon.

« Quelle que soit leur nationalité, tous les voyageurs seront donc soumis à l’obligation de présenter à la compagnie aérienne, maritime ou ferroviaire, un document de laboratoire d’analyse comportant le résultat négatif d’un test au SARS-CoV-2. Les services chargés du contrôle aux frontières pourront aussi le vérifier », ajoute le communiqué du premier ministre. « A défaut de test PCR, seront autorisés ceux des tests antigéniques qui sont sensibles au variant VUI-2020-12-01, dont la liste sera publiée par le ministère des solidarités et de la santé. »

Les modalités spécifiques de reprise du trafic routier de marchandises seront précisées « dans les prochaines heures », ajoute Matignon.

Ce dispositif s’appliquera jusqu’au 6 janvier au moins, sous réserve d’un possible réexamen bilatéral ou européen d’ici là.

  • Un accord pour les chauffeurs poids lourds bloqués

Le gouvernement britannique a annoncé mardi soir avoir trouvé un accord avec la France, permettant aux chauffeurs de poids lourds bloqués au Royaume-Uni à la suite de la fermeture de la frontière de quitter le pays moyennant un test Covid rapide au départ.

« Tous les chauffeurs de poids lourds, indépendamment de leur nationalité, devront se soumettre » à un dépistage livrant un résultat en environ 30 minutes, a indiqué le ministère des Transports dans un communiqué. Ce protocole sera revu le 31 décembre mais « pourrait rester en place jusqu’au 6 janvier », a-t-il précisé. Le port anglais de Douvres a ensuite annoncé sa réouverture mardi soir pour le trafic sortant vers la France .

  • L’Union européenne recommande la levée des restrictions

La Commission européenne avait annoncé plus tôt souhaiter la levée des interdictions des liaisons aériennes et ferroviaires avec le Royaume-Uni. L’UE espère ainsi garantir les déplacements essentiels et éviter les perturbations d’approvisionnement. Cependant, l’exécutif européen déconseille les déplacements non essentiels en provenance ou à destination du Royaume-Uni.

Cet ensemble de recommandations doit encore être soumis aux ambassadeurs des pays membres de l’UE dans la soirée de mardi. L’Union européenne cherchait à mettre sur pied « une réouverture des frontières de manière coordonnée », selon une source diplomatique européenne.

  • L’Allemagne prolonge la fermeture de ses frontières à toute liaison avec le Royaume-Uni jusqu’au 6 janvier

Le ministère allemand de la santé avait annoncé ce mardi qu’il prolongeait la fermeture de ses frontières à toute liaison avec le Royaume-Uni. D’abord prévue jusqu’au 31 décembre, cette mesure court maintenant jusqu’au 6 janvier. La suspension des liaisons par « train, bus, bateau et avion » et l’interdiction générale d’entrée sur le territoire concernent les personnes en provenance du Royaume-Uni, mais également d’Afrique du Sud, pays touché par le même variant du coronavirus.

Le ministère a précisé que les personnes « ayant un droit de séjour en Allemagne » ou une « résidence habituelle » dans le pays pourraient toutefois être autorisées à entrer, « après accord du ministère de l’intérieur », dès le 1er janvier 2021. Elles devront également se faire tester à leur arrivée, tout comme quiconque aura séjourné dans ces deux pays au cours des dix derniers jours.

« Nous voulons empêcher autant que possible qu’une potentielle version plus dangereuse du virus ne se développe en Europe continentale, a affirmé le ministre de la santé, Jens Spahn. La suspension des liaisons avec le Royaume-Uni et avec l’Afrique du Sud est une mesure de précaution. »

  • L’Organisation mondiale de la santé en discussions

Alors que l’UE tente de coordonner sa réponse à la découverte de ce nouveau variant du coronavirus, la branche européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se réunissait également ce mardi pour évaluer la situation d’un point de vue sanitaire et discuter de stratégies globales.

Le directeur régional de l’OMS, Hans Kluge, donnait ainsi les précisions suivantes sur Twitter : « Restreindre les voyages pour limiter la propagation [du nouveau variant du coronavirus] est prudent jusqu’à ce que nous ayons davantage d’informations. Les chaînes d’approvisionnement pour les biens essentiels et les voyages essentiels devraient rester possibles. »

M. Kluge a ajouté qu’il allait « réunir les Etats membres pour discuter des stratégies de tests, de réduction des transmissions et de communication sur les risques », sans toutefois donner de date.

  • BioNTech pourrait fournir un nouveau vaccin en six semaines en cas de mutation importante du virus

Ugur Sahin, l’un des dirigeants du laboratoire allemand BioNTech (à l’origine avec l’américain Pfizer du premier vaccin contre le Covid-19 autorisé), a assuré que les deux firmes seraient en mesure de produire un nouveau vaccin « en six semaines » en cas de mutation importante du virus.

Au lendemain du feu vert du régulateur européen du médicament, Ugur Sahin a néanmoins assuré qu’il était « hautement probable »que le vaccin actuel soit efficace contre la nouvelle souche du coronavirus. Il a ajouté que, « scientifiquement, il [était] hautement probable que la réponse immunitaire provoquée par le vaccin puisse aussi gérer le nouveau variant », expliquant que « sur les 1 000 acides aminés [contenus dans le vaccin], seulement neuf [avaie]nt muté, ce qui signifie que 99 % de la protéine est toujours la même ».

S’il est optimiste, le dirigeant rappelle tout de même que des tests sont en cours pour s’assurer de l’efficacité du vaccin sur la nouvelle souche – teste dont les résultats devraient être connus d’ici deux semaines.

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