« L’empire du Milieu accélère. » Pour tenter de surmonter ses différends avec les Etats-Unis, la Chine fait feu de tout bois pour parapher des accords commerciaux en Asie, en Afrique et en Europe.
Négocier avec la Chine, ou pas ? La question taraude de nombreuses chancelleries depuis que Pékin, en pleine guerre commerciale et technologique avec Washington, multiplie les gestes d’ouverture tous azimuts dans le monde entier afin de trouver des relais de croissance moins hostiles. Après avoir signé, en novembre 2020, le Partenariat régional économique global (RCEP) avec quatorze pays d’Asie et du Pacifique, le plus grand accord de libre-échange au monde, la Chine s’est empressée de saluer « la victoire du multilatéralisme et du libre-échange », comme pour mieux souligner l’isolement des Etats-Unis.

Quelques semaines plus tard, elle accélérait les négociations avec l’Union européenne (UE), pour conclure, fin décembre, un accord sur les investissements en discussion depuis 2013. « La détermination de la Chine à promouvoir une ouverture de haut niveau est inébranlable et sa porte s’ouvrira toujours plus grand », s’est aussitôt félicité Pékin, par son ambassade à Paris. C’est aussi pour elle une victoire diplomatique : elle parvient à découpler sa relation avec les Etats-Unis de celle avec le Vieux Continent, évitant ainsi un front commun entre les deux puissances occidentales.
Quelques jours plus tard, le 1er janvier, c’est l’accord de libre-échange entre l’île Maurice et la Chine qui entrait en vigueur. Un accord qui « renforce [leurs] relations économiques avec l’Afrique », a déclaré Wu Peng, le directeur du département Afrique au ministère chinois des affaires étrangères, qui en a d’ailleurs promis d’autres sur le continent. Et ce n’est pas fini.

Mesures de rétorsion
Dans une interview accordée le 8 janvier à l’agence de presse Xinhua, le nouveau ministre chinois du commerce, Wang Wentao, a dit vouloir accélérer les négociations avec le Japon et la Corée du Sud, et tenir des discussions avec Israël, le Conseil de coopération du Golfe et la Norvège. « Nous avons de plus en plus de partenaires commerciaux », a assuré le ministre.

Pékin compte désormais dix-neuf accords de libre-échange, signés avec vingt-six pays, qui couvrent 35 % de son commerce extérieur.

« La Chine veut multiplier les partenariats avant l’installation de la nouvelle administration américaine, prévue le 20 janvier », observe Alice Ekman, analyste responsable de l’Asie à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE). Les entreprises chinoises sont de plus en plus nombreuses à devoir quitter la cotation de Wall Street, car elles ont été inscrites sur les listes noires du département américain de la défense.

Source : lemonde.fr

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