La Chambre des représentants devra, lundi ou mardi, se prononcer sur une résolution demandant au vice-président Mike Pence de démettre le président sortant de ses fonctions.

Alors que les appels républicains à la démission de Donald Trump se multiplient, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, s’est dite prête, dimanche 10 janvier, à lancer dans les prochains jours plusieurs actions rapides pour obtenir le départ du président sortant, dont une deuxième procédure de destitution, à la suite des violences mercredi au Capitole.

Donald Trump pourrait ainsi devenir le seul président américain de l’histoire mis en accusation à deux reprises dans une telle procédure de destitution.

Les démocrates vont d’abord en appeler à Mike Pence

Dans une lettre aux parlementaires, Nancy Pelosi explique qu’un vote serait organisé lundi ou mardi sur une résolution demandant à Mike Pence d’invoquer le 25amendement de la Constitution des Etats-Unis, lequel permet de révoquer un président considéré inapte à remplir ses fonctions.

Fidèle de Donald Trump mais n’ayant plus de contacts avec lui depuis les événements de mercredi dernier, Mike Pence n’a montré jusqu’ici aucune volonté de déclencher ce dispositif.

Nancy Pelosi précise que le vice-président disposera de 24 heures pour répondre à l’injonction de la Chambre qui reviendrait à lui faire endosser les pouvoirs exécutifs pour les dix derniers jours du mandat Trump. Le président élu, Joe Biden, doit prêter serment le 20 janvier sur les marches du Capitole.

« Puis, la législation sur la procédure de destitution sera portée devant l’Assemblée », a écrit Nancy Pelosi. L’article de mise en accusation est déjà rédigé. Plus de 200 élus de la Chambre, soit près de la moitié des représentants, soutenaient dimanche soir le projet de destitution.

Une première procédure de destitution avortée

Les démocrates estiment que le milliardaire républicain est désormais un président « déséquilibré » et dangereux et qu’il doit donc être écarté. Ils considèrent aussi qu’il a encouragé ses partisans à marcher mercredi dernier sur le Capitole où Mike Pence, tenu par la Constitution, annonçait solennellement les résultats de l’élection présidentielle du 3 novembre. Une victoire de Joe Biden que Donald Trump n’a jamais voulu accepter.

Quelques élus républicains ont appelé dimanche Donald Trump à démissionner pour épargner au pays les complexités de la procédure d’impeachment comme du 25amendement.

Ce « serait la meilleure option », a affirmé sur CNN le sénateur Pat Toomey. Depuis le scrutin présidentiel du 3 novembre qu’il a perdu, Donald Trump « a sombré dans un niveau de folie et a commis des actes absolument impensables et impardonnables », a-t-il ajouté.

« La meilleure chose pour l’unité du pays, ce serait qu’il démissionne », a renchéri sur ABC Adam Kinzinger, élu républicain de la Chambre.

Une procédure qui ne fait pas l’unanimité

Isolé à la Maison Blanche, lâché par plusieurs ministres, le milliardaire américain ne semble guère disposé à s’en aller de son plein gré. Il prévoit même un déplacement mardi au Texas pour vanter sa politique d’immigration et la construction du mur frontalier avec le Mexique.

Mais il s’agit d’une procédure longue et compliquée et plusieurs voix se sont élevées dans le camp démocrate jugeant qu’elle pourrait freiner les projets de Joe Biden, qui a fait de la réponse à la pandémie de Covid-19 sa priorité.

« Donnons au président élu 100 jours » au début de son mandat pour lui permettre de s’attaquer aux problèmes les plus urgents, a suggéré l’élu démocrate de la Chambre James Clyburn. « On pourrait peut-être introduire les articles [de mise en accusation] un peu après. »

Le sénateur démocrate Joe Manchin a estimé, pour sa part, sur CNN qu’une procédure de destitution après le 20 janvier « n’aurait aucun sens ».

Donald Trump a déjà été visé par une procédure de destitution, lancée par les démocrates en décembre 2019, en lien avec les pressions exercées sur l’Ukraine pour qu’elle ouvre une enquête sur Hunter Biden, le fils de Joe Biden, et sur celui qui était alors considéré comme son potentiel grand rival pour l’élection présidentielle. Trump a été acquitté en février dernier par le Sénat, où ses pairs républicains étaient alors majoritaires.

Source : Lemonde.fr

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