Narendra Modi avait promis d’aider « l’humanité tout entière » à sortir de la crise du coronavirus, à la dernière Assemblée générale des Nations unies, le 26 septembre 2020. La promesse du premier ministre indien n’est pas totalement présomptueuse, son pays est le premier producteur de vaccins, avec 60 % de la fabrication mondiale. Mais avant même de sauver le monde, le sous-continent est rattrapé par une polémique interne au sujet de la vaccination. Non pas, comme en France, en raison de la lenteur du processus – l’Inde n’a pas encore commencé sa campagne – mais à cause du vaccin lui-même.

L’autorité indienne de régulation des médicaments a donné, le 3 janvier, son feu vert « pour un usage d’urgence » à deux vaccins : le Covishield, développé par le britannique AstraZeneca avec l’université d’Oxford et produit par le Serum Institute of India, le plus gros producteur mondial de vaccins, basé à Pune ; le second, le Covaxin, conçu localement par l’entreprise Bharat Biotech, située à Hyderabad. Un vaccin « made in India », comme l’a rappelé M. Modi.

 

L’approbation de ce dernier a suscité la stupeur des scientifiques, car aucune donnée n’a été rendue publique sur l’efficacité de ce vaccin dont les essais en phase 3 ne sont pas encore terminés. Les résultats des tests en phases 1 et 2 n’ont pas été publiés, comme il se doit, dans une revue avec évaluation préalable par les pairs.

L’une des plus éminentes expertes indiennes, Gagandeep Kang, vice-présidente du conseil d’administration de la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (« Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies »), une association internationale parrainée par la fondation Bill et Melinda Gates, a fait part de son « trouble » et de son incompréhension quant à la stratégie des régulateurs.

Source : Lemonde.fr

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