Cent personnes ont été tuées, samedi 2 janvier, dans les attaques de deux villages de l’ouest du Niger, un des pires massacres de civils dans ce pays régulièrement visé par des groupes djihadistes et qui est en pleine élection présidentielle.

« Nous venons juste de rentrer des lieux des attaques » perpétrées samedi. « A Tchoma Bangou, il y a eu jusqu’à 70 morts, et à Zaroumadareye 30 morts », a déclaré dimanche à l’Agence France-Presse (AFP) Almou Hassane, le maire de Tondikiwindi, commune qui administre les deux villages, situés dans le département d’Ouallam. « Il y a eu également 25 blessés dont certains ont été évacués à Niamey et à Ouallam pour des soins », a-t-il ajouté.

L’attaque, qui n’a pas été revendiquée, a été perpétrée « par des terroristes venus à bord d’une centaine de motos ». Pour attaquer les deux villages, distants de 7 kilomètres, les assaillants « se sont divisés en deux colonnes : pendant que l’une attaquait Zaroumadareye, les autres ont attaqué Tchoma Bangou », a précisé le maire.

Une région régulièrement visée par les attaques

Les deux villages sont situés à environ 120 kilomètres au nord de la capitale, Niamey, dans la région de Tillabéri, frontalière du Mali et du Burkina Faso. Cette région dite « des trois frontières » est régulièrement visée depuis des années par des attaques de groupes djihadistes.

Cette double attaque avait été annoncée samedi mais sans bilan précis par des élus locaux. D’après un haut responsable de la région de Tillabéri, elle a été commise en plein jour, vers midi, au même moment que la proclamation des résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 27 décembre donnant largement en tête (39,33 %) le candidat du parti au pouvoir, Mohamed Bazoum, ancien ministre de l’intérieur, qui a promis de renforcer la lutte contre les groupes djihadistes.

Le président sortant, Mahamadou Issoufou, a fait part dimanche dans un tweet de ses « condoléances les plus émues aux populations de Tchoma Bangou et Zaroumadareye, suite à l’attaque lâche et barbare de leurs villages ». Un Conseil national de sécurité exceptionnel est prévu lundi matin.

Dans une vidéo, M. Bazoum a indiqué avoir une « pensée pieuse »pour les populations touchées par ce « drame (qui) rappelle que les groupes terroristes constituent une menace grave pour la cohésion au sein de nos communautés et un danger à aucun autre comparable ».

Sept soldats avaient été tués le 21 décembre dans l’Ouest, où sévit régulièrement l’Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS). Et trente-quatre personnes avaient été massacrées le 12 décembre dans le village de Toumour, dans le Sud-Est, une attaque revendiquée par Boko Haram.

Près de 500 000 réfugiés et déplacés

Le Niger a organisé en décembre une série d’élections, d’abord municipales et régionales le 13 décembre, puis présidentielle et législatives couplées le 27 décembre. Le second tour de la présidentielle doit se dérouler à la fin de février.

La région de Tillabéri est placée sous état d’urgence depuis 2017. Pour lutter contre les djihadistes, les autorités ont interdit en janvier 2020 la circulation à moto de jour comme de nuit et la fermeture de certains marchés qui alimentent « les terroristes »selon elles.

Pays parmi les plus pauvres du monde, le Niger lutte depuis des années contre des groupes djihadistes sahéliens dans sa partie occidentale et les islamistes du groupe nigérian Boko Haram dans le Sud-Est, sans parvenir à les vaincre, malgré la coopération régionale et l’aide militaire occidentale.

L’armée nigérienne avait subi dans l’Ouest deux défaites désastreuses il y a un an, contre les camps militaires d’Inates (71 morts à la fin de 2019), et Chinégodar (89 morts au début de 2020). Les attaques djihadistes dans l’Ouest et le Sud-Est ont fait des centaines de morts depuis 2010, et fait fuir de leurs foyers environ 500 000  réfugiés et déplacés (dont 160 000 dans l’Ouest), selon l’ONU.

Le Monde avec AFP

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