Départ de Madan Dulloo. Nouveau coup dur pour le MMM après la dernière vague de démissions au Régional No. 6. Ce fervent militant a décidé d’arrêter l’aventure avec le parti dont il a été membre pendant plusieurs années et a été candidat à plusieurs élections générales sous ses couleurs. Madan Dulloo avait annoncé son intention de démissionner, lundi soir, lors du Bureau politique des mauves et a finalement joint le geste à la parole par le biais d’une lettre officielle envoyée au leader du MMM, Paul Bérenger, mardi après-midi.

Dans sa lettre, Madan Dulloo a déclaré qu’il soumettait sa démission pour les raisons qu’il a évoquées lors du dernier BP des Mauves, sans toutefois les énumérer en écrit. Il a tenu à remercier tous les membres du MMM avec qui il a travaillé pour une vision et un programme communs pour la bonne gouvernance et le développement durable de Maurice ainsi que l’unité et le bien-être de l’ensemble de la nation mauricienne. Au téléphone non plus, Madan Dulloo n’a pas souhaité donner les raisons de sa démission. Il a déclaré qu’il attendait la réaction de Paul Bérenger avant de donner sa version des faits. Motus et bouche cousue également du côté de Rajesh Bhagwan, secrétaire général du MMM. Ce dernier n’a pas voulu évoquer les raisons de la démission de son ami et ancien collègue.

Selon une source au sein du BP mauve, le positionnement du MMM sur l’échiquier politique ces derniers temps serait un des facteurs de la démission de Madan Dulloo. Il aurait fait entendre sa voix à plusieurs reprises sur son mécontentement à l’adhésion du MMM à la plateforme l’Espoir qui comporte Roshi Bhadain et Nando Bodha. D’ailleurs, trois semaines de cela, Madan Dulloo, dans une interview, avait lancé un appel à Nando Bodha et Roshi Bhadain pour qu’ils « arrêtent de tenir l’image du pays à l’international » Cela avant la venue de la délégation de la FATF sur l’île.

Madan Dulloo a affirmé à ION News qu’il a trois options devant lui, adhérer à un autre parti politique, prendre sa retraite et faire renaître son ancien parti politique, le Mouvement Militant Socialiste Mauricien (MMSM). Mais, rappelons-le, Madan Dulloo est l’un des membres fondateurs du MSM avec feu Sir Anerood Jugnauth. A une question de la rédaction sur un éventuel retour au bercail, Madan Dulloo a déclaré qu’il n’a pas eu de sollicitation pour l’heure.

Lors de la conversation, Madan Dulloo a laissé échapper un « je sens que les gens ne veulent pas de moi au sein du parti, je me suis retiré du MMM ». Poursuivant sur Roshi Bhadain et Nando Bodha, ce dernier a affirmé : « Enn ansien minis de zafer etranger, enn ansien minis de good governance pe trouv tou pouri dans sa pey la. Pe trouv tou malprop, pe reperkut a linternasional a traver bann media. Se inakseptab, monn soulev la kestion osin du MMM ek le MMM finn byen akeyir sa sugesion. Tou de suit Paul Bérenger finn fer apel a tou le mond ki ena task force ki pe vni de GAFI, fode pa nou zet la bou lor pey ek ternir limaz du pey ».

Madan Dulloo a aussi fait ressortir qu’il avait soulevé le fait que certains membres de l’opposition avaient en début de la crise sanitaire critiqué les protocoles mis en place par le ministère de la Santé et du bien-être. Ce qui était, selon lui, une chose très grave. Il avait alors fait entendre sa voix. « MMM inn dakor avek mwa ek in pran enn pozision lor sa », a-t-il souligné.

Quel avenir pour le MMM ?
« Nos racines sont solides, nos branches sont solides. Nous avons beaucoup de greffes et nous avons beaucoup d’adhésion de la part des jeunes que ce soit du coté urbain ou rural », ont été les mots choisis par Rajesh Bhagwan pour commenter l’avenir du MMM. S’agissant de la démission de son ami de longue date, Rajesh Bhagwan a déclaré qu’il ne croit pas à une campagne pour appâter Madan Dulloo vers un autre parti.

Si les démissionnaires du régional No. 6 avec à leur tête, Vinay Sobrun, n’ont pas vraiment égratigné le MMM au niveau national, cette démission d’un membre de cette envergure est un manque à gagner pour les mauves à la veille des élections municipales, surtout dans la circonscription No. 15. « Nou la po krokodil. Au niveau du MMM, notre travail continue d’après notre plan. Nos instances fonctionnent… », a rétorqué le secrétaire général du MMM. 11 fois élu au Parlement mauricien, Rajesh Bhagwan a répondu aux critiques des détracteurs de son parti en déclarant qu’avec un passé glorieux, ils sont résolument tournés vers l’avenir.

L’alliance l’Espoir fait-elle l’unanimité ?
L’alliance l’Espoir qui comporte le MMM, le PMSD, le Reform Party (RP) et le Rassemblement Mauricien (RM) ne ferait ainsi pas l’unanimité parmi certains membres de ces partis. Madan Dulloo et les démissionnaires du No.6 ont fait part de leur crainte par rapport à une telle alliance avant de démissionner. Les voix d’autres membres du MMM et du PMSD se sont élevées contre le rapprochement avec Roshi Bhadain et Nando Bodha. Un député, qui a souhaité garder l’anonymat, parle lui « d’un bateau troué avec quatre leaders ». Il déclare avoir demandé que Nando Bodha ne fasse pas campagne dans sa circonscription.

Par ailleurs, rappelons que Roshan Seetohul, l’ancien trésorier du PMSD, ainsi que six autres membres dont Yannick Cornet et le député Salim Abbas Mamode, ont démissionné, entre autres, à cause de leur divergence d’opinion sur la Plateforme l’Espoir.
Le PMSD et le MMM, depuis leur rapprochement avec le RP et RM, n’ont fait que perdre des soldats ou s’attirer les foudres de certains de leurs membres. En réponse à cela, ces deux partis parlent de campagne de l’alliance gouvernementale visant à déstabiliser l’opposition en recrutant les membres démissionnaires. Est-ce une bonne idée d’avoir des partis émergents aux côtés des partis traditionnels dans la Plateforme l’Espoir ? Les résultats des élections municipales apporteront plus d’éclairage à ce sujet.

Qui sort gagnant d’une opposition divisée ?
Une lutte à trois donnerait le gouvernement favori dans les prochaines échéances démocratiques. Avec le PTr qui se la joue solo, le gouvernement a toutes les chances d’en sortir gagnant. C’est du moins l’avis de différents politiciens et observateurs politiques.  Une source sûre affirme que le leadership du Sun Trust a déjà pris contact avec certains députés de l’opposition mécontents. Des discussions sont en cours pour recruter des « éléments clés » dans certaines circonscriptions où le gouvernement n’a pas fait l’unanimité lors des législatives du 7 novembre 2019.

D’ailleurs le président et le secrétaire général du MSM, respectivement Joe Lesjongard et Maneesh Gobin, avaient laissé entendre il y a quelques semaines lors d’un point de presse que la Plateforme l’Espoir allait éclater et que certains membres parlementaires d’opposition rejoindraient le gouvernement. Cette même source précise que cette question sera évoquée et des décisions importantes sont attendues.

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