Le président français se rend en Allemagne pour le Berlin Global Dialogue et ira voir à cette occasion le chancelier allemand. Un tête-à-tête sans conférence de presse ni déclaration, à l’image du précédent rendez-vous côté français, début septembre aux Rencontres d’Évian.
« Pour une fois, France et Allemagne sont alignées, pas forcément pour des bonnes raisons : les deux situations politiques intérieures font que les deux dirigeants sont affaiblis », constate Paul Maurice, expert des relations franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales. « Ils sont en difficulté pour prendre des initiatives et aller de l’avant ».
Ce sont un peu les retrouvailles des « canards boiteux ». Chacun à sa manière, les deux hommes correspondent à cette image venue de la politique américaine d’un dirigeant qui, en fin de course, voit sa capacité d’action diminuée.
Emmanuel Macron a en partie perdu le pouvoir à l’occasion des élections législatives de l’été, après avoir lui-même dissous l’Assemblée nationale. Il a dû nommer un Premier ministre dans les rangs de l’opposition de droite, mais que ses propres troupes centristes sont contraintes de soutenir faute de majorité.
Olaf Scholz voit lui la fragile coalition de ses sociaux-démocrates avec les Verts et les libéraux-démocrates se déliter sous la menace grandissante d’une extrême droite qui engrange les gains électoraux. À tel point que tous les camps semblent entrer en campagne pour des législatives prévues dans un an, si le gouvernement tient jusque-là.
Relations au quotidien
« Le moteur franco-allemand c’est le cœur battant de l’Europe, il ne se réduit pas à la relation entre le président et le chancelier, qui par ailleurs est bonne et constructive », relativise-t-on de source diplomatique française. « Ce sont aussi et surtout des relations au quotidien entre les gouvernements qui travaillent dans une grande proximité ».
De fait, tout un réseau d’experts est à pied d’œuvre pour continuer de tisser des perspectives communes.
À cet égard, la reconduction comme ministre français des Armées de Sébastien Lecornu, rare rescapé post-dissolution, est vue comme un gage de continuité important. Face à la guerre en Ukraine et à la nécessité de renforcer l’industrie de défense, il est réputé former un duo efficace avec son homologue allemand Boris Pistorius, plus populaire que son chancelier.
Plusieurs diplomates et observateurs décrivent aussi des relations Macron-Scholz pas si mauvaises qu’on le dit, malgré des personnalités aux antipodes entre un chef de l’État français extraverti et un chef de gouvernement allemand introverti.
« Le paradoxe, c’est que la rencontre d’Évian s’est très bien passée », assure Paul Maurice. En sourdine, les deux pays avancent selon lui sur les questions de compétitivité européenne après l’impulsion donnée au printemps par la visite d’État d’Emmanuel Macron en Allemagne.
Source : France 24
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