L’inceste est difficile à définir. Il y a une définition légale, psychologique, sociale, individuelle.

Malgré l’absence de définition simple, l’inceste crée néanmoins des dégâts psychologiques. Dégâts dont sont témoins diverses professions : psychologues, neuropsychiatres, psychanalystes, pédiatres, juges pour enfants, ethnologues, etc.

Selon le Dictionnaire de psychologie, Larousse (1999), l’inceste concerne les « relations sexuelles entre proches parents ou alliés dont le mariage est prohibé par la loi, par exemple père et fille, mère et fils, frère et sœur, oncle et nièce, tante et neveu ».

A Maurice, la loi n’interdit pas le mariage entre cousins.

Cependant, « l’inceste nie la différence et gomme l’unité individuelle au sein du groupe familial » selon Daligand (docteur en médecine et en droit) en 2012, car selon cette psychiatre, l’enfant incestué est perçu comme « une extension de la chair ». Une perpétuation du parent agresseur pour former « une seule chair, une seule origine, une éternité »

Les effets de l’inceste concernent la famille de sang mais aussi la famille élargie, la famille par adoption, la belle-famille.

Selon plusieurs experts dont Cyrulnik, Héritier& Naouri (2010), l’inceste crée une confusion des rôles. Une ambigüité des liens dans une famille. Et une « structure familiale floue » selon Legueil (2013).

Dans les cas d’inceste, les actes sexuels ont lieu entre personnes de même lignée biologique. Parfois de générations différentes, un adulte et un mineur. Parfois entre frères et sœurs. Ou entre cousins.

L’inceste crée une confusion des images parentales. Au lieu que les actes sexuels aient lieu entre un parent et son partenaire de même génération, ils ont lieu entre un parent et son enfant.

Comment l’enfant incestué se situera-t-il dans la famille ? A égalité sur le plan psychique et sexuel avec sa mère ou son père, prenant la place d’un de ses parents ? Ou se sentira-t-il enfant ?

Héritier en 2010 écrit : « On ne sait pas qui est qui. On ne sait pas qui fait quoi ».

La prohibition de l’inceste est un tabou psychique et social.

La dimension culturelle a, bien entendu, un impact dans son acceptation et sa normalisation.

Ce n’est pas parce que l’inceste a été normalisé depuis des générations que ce type de relations est sain. Et que les effets ne sont pas conséquents.

Si j’ai des relations sexuelles avec mon cousin germain et que des enfants naissent de cette union :

– mes enfants seront frère et sœur et aussi cousins « issus de germain ».

– mes beaux-parents sont aussi mon oncle ou ma tante !

De quoi créer de la confusion, certes. Et même si cela n’est pas interdit par la loi.

Dans les familles incestueuses, la limite entre l’affectivité et la sexualité n’est pas claire, selon Héritier (2010).

Un média du 9 septembre publie un entretien qui pose fortement question. La personne interviewée qui serait professionnelle en psychologie dirait, selon ce média, que : « tomber amoureux de son cousin est considéré comme tabou dans la société. Il y a des études indiquant qu’il est génétiquement mal d’avoir des relations avec son cousin, mais chaque personne a sa propre vie. Si cette relation les rend heureux, qui sommes-nous pour les juger ? »

Serait-ce juste une question de jugement ou de bien-être psychique et social ?

Les effets de l’inceste font l’objet de multiples recherches qui en montrent les effets dévastateurs.

Martine Nisse disait en novembre 2013 : « Il importe que les professionnels soient véritablement avertis sur la problématique des abus sexuels et de l’inceste. Cela permet à l’enfant de se dire et de raconter/montrer (actes, dessins, etc.) ce qu’il a vécu. » Cela inclut tout mineur.

Les enfants ne peuvent jamais offrir leur consentement à une activité sexuelle en connaissance de cause. Même s’ils ne s’opposent pas.  Par immaturité psychique, manque de connaissance, dépendance matérielle et psychologique, injonction d’obéissance à l’autorité d’un adulte ou plus âgé (qu’ils aiment et en qui ils ont confiance dans plus de 80 % des cas). A cause de la sensation d’être pris au piège décrit par Summit en 1983 dans le « Child Sexual Abuse Accommodation Syndrome ».

Ce n’est pas une question de choix.

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