Une grande méconnaissance de nombreuses problématiques de société à Maurice entraîne certains jugements ou réactions lourds et violents.

Réactions parfois négatives, dénuées de compréhension et de respect.

Auxquelles malheureusement, trop de place est accordée dans certains médias ou sur les réseaux sociaux.

L’ONG Pédostop a mené une campagne de sensibilisation au mois de novembre et décembre 2014. Affiches, clips radios et vidéos.

La campagne actuelle du Collectif Arc-en-Ciel fait émerger des réactions similaires.

Des réactions, heureusement pas les plus nombreuses, interpellent : « Trop en parler va donner des idées… » ou « Cette affiche est une incitation ! », etc.

pedostop campagne

 

Environ 90 % des pédocriminels sont des personnes qui ont subi d’importants traumatismes dans leur enfance. Notamment :

  • des abus sexuels. Selon Thibaut (2008) et Caparros (2012), entre 30 % et 60 % des pédophiles auraient été victimes d’abus sexuels au cours de leur enfance.
  • des carences affectives graves : enfants non désirés, non aimés, sans soin.
  • de la maltraitance physique et psychologique.

Ces graves traumatismes ont créé des défaillances dans la construction de leur personnalité et de leurs repères.

Il importe de préciser que toute personne victime d’abus sexuel ne devient pas forcément pédocriminel.

Un enfant victime qui est cru, protégé, qui bénéficie d’un accompagnement thérapeutique de qualité, d’un environnement contenant et solide, comprend qu’agresser sexuellement autrui est un délit ou un crime. Il comprend qu’un abus sexuel crée des souffrances. Et ne le reproduit pas.

Les maladies mentales sont en cause dans  4 % à 10 % des délits sexuels, selon Thibaut (2008) et Kempe & Kempe (1978). Notamment chez la femme pédophile.

Pour Dr Muriel Salmona en 2014, « les pédocriminels sexuels sont des prédateurs et ils savent très bien ce qu’il font. Intentionnellement, ils organisent des pièges et des mises en scène qui ne laissent aucune chance à leurs proies ».

Un pédocriminel est un pédophile qui est passé à l’acte. Qui a agressé un enfant. Lui a fait visionner un film porno. L’a violé, lui a fait des attouchements, masturbation ou fellation. Ou lui a imposé de le lui faire. Et ce, pour obtenir du plaisir sexuel.

En 2013, Dr Roland Coutenceau, psychiatre travaillant avec des agresseurs sexuels depuis de nombreuses années énonce : « une minorité d’entre eux se sent coupable et serait accessible à une prise en charge. La pédophilie appartient à la catégorie des troubles de la personnalité. Ces gens ne sont ni fous ni banalement névrosés, ce sont des sujets impulsifs, présentant des troubles du caractère, immaturité, égocentrisme. »

Il poursuit: « […] quand on décide de passer à l’acte, c’est toujours un choix. Agresser un adulte ou un enfant, c’est toujours s’abandonner à son désir, à son fantasme. C’est donc être immature : ‘Je suis trop faible pour résister quand je suis excité’ et égocentrique: ‘J’en ai envie, je ne pense pas trop à l’autre et je le fais.’ »

Une affiche n’est donc pas une incitation.

La campagne du Collectif Arc-En Ciel soulève le même genre de commentaires et réactions empreints de méconnaissance. De peur de ce qui a été trop longtemps tabou.

collectif arc en ciel

Cette affiche n’est pas une incitation !

L’orientation ou identité sexuelle  d’un être humain n’est pas déterminée par une image !

C’est tellement réducteur de le dire, et de le penser.

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