Dans cette période de transition politique, la discussion des postes ministériels à pourvoir dans le futur gouvernement est au cœur des débats. Des médias. Des conversations.

En espérant qu’outre les considérations d’appartenance culturelle et sociale des personnalités choisies, l’une des priorités sera de se centrer sur leurs compétences et leur engagement pour le bien-être de la population mauricienne. Incluant celui des enfants, base de la société à venir, les futurs leaders.

Le Kolektif Dwra Zanfan Morisien, constitué de 16 ONGs et membres de la société civile, a proposé une série de recommandations à l’Etat. Parmi lesquelles figure une augmentation du budget des divers ministères et instances impliqués dans la protection de l’enfance.

budget ministeres

Ce graphe se passerait presque de commentaires.

Le ministère de l’Egalité des genres, du Développement de l’enfant et du Bien-Etre de la famille est responsable de la protection de l’enfance à Maurice. 20 % de son budget (déjà amoindri) y sont alloués.

Les officiers et psychologues qui y travaillent sont en sous-effectif par rapport aux nombres de cas à gérer chaque année. Plus de 14 000 cas d’enfants à risque à gérer chaque année pour 10 officiers qualifiés et 6 psychologues.

Le Bureau de l’Ombudsperson for Children, responsable d’entendre les enfants en danger et de mener des enquêtes, travaille en collaboration avec la Child Development Unit. Y travaillent 4 officiers.

Le ministère de l’Education alloue seulement 0,4 % de son budget aux enfants souffrant de handicap.

  • Le budget alloué à ces instances montre bien à quel point l’enfant ne semble pas être une priorité d’investissement de l’Etat à Maurice. Du moins, jusqu’à présent.

L’Etat Mauricien a ratifié la convention des Droits de l’Enfant en juillet 1990. L’article 3.1 de cette convention stipule que :  « Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale. »  Souhaitons une révision conséquente de ces budgets, à la hausse, pour l’enfant à Maurice.

  • La prise en considération et le respect de l’enfant. Les mineurs arrêtés sont souvent menottés. Le « Juvenile Offenders Act» devrait être mis en application. Que les enfants arrêtés par la Police ne soient pas menottés et soient dans un lieu approprié. Que leurs droits leur soient lus et expliqués. Ce qui est trop rarement le cas.

Il est capital d’abolir la section 18 sur les « uncontrollable juveniles » qui permet aux parents dont l’enfant serait « beyond control » de s’en débarrasser.

Les enfants rapportant être victimes de violence physique, psychologique et sexuelle ne sont pas souvent crus, ni protégés. Donner du poids à leur parole est primordial.

Le Kolektif insiste sur la qualité de la prise en charge des enfants consommateurs de drogue. L’Integrated Behavioural and Biological Surveillance survey de 2011 estime que 76,5 % des consommateurs de drogue ont commencé avant l’âge de 12 ans. Que la consommation de drogue soit illégale n’empêche pas que les enfants consommateurs aient besoin d’être aidés.

  • Une des recommandations du Kolektif est la formation des officiers impliqués dans l’Enfance. Dans les secteurs de la santé, de l’Education, de la force policière et de la protection de l’enfance. Il est crucial d’investir dans la formation des personnes accueillant les enfants victimes d’abus, responsables de soigner et accompagner les enfants souffrant de diabète de type 1, d’autisme, etc. L’article 3.3 de la Convention insiste sur le nombre et la compétence du personnel des institutions et services de protection qui ont la charge des enfants. Que ces officiers aient aussi les compétences pour aider les parents dans leur parentalité, évitant ainsi, entre autres, le recours à la violence.

Les recommandations sont encore très nombreuses pour un réel respect de tous les articles de cette convention ratifiée par l’Etat mauricien.

Mesdames et Messieurs les décideurs, dans votre exercice de nomination, nous espérons que l’intérêt de l’enfant mauricien sera l’une de vos priorités !

Que l’intérêt, le respect et la protection de l’enfant ne soient pas juste des concepts, mais que nous puissions en être témoins en pratique, sur le terrain.

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