A partir de lundi, l’ancien chef de l’Etat, poursuivi pour corruption et trafic d’influence, comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris. Une première dans l’histoire de la Ve République
Il sera présent, lundi 23 novembre, dès l’ouverture de son procès devant le tribunal correctionnel de Paris. Renvoyé pour des faits de corruption et trafic d’influence – une première dans l’histoire de la Ve République –, dans l’affaire dite « des écoutes », Nicolas Sarkozy rêve d’éparpiller l’adversité. A ses côtés, sur le banc des prévenus, il y aura son avocat historique, Thierry Herzog, renvoyé pour les mêmes faits, mais également le haut magistrat Gilbert Azibert, celui par qui tout est arrivé. L’ancien avocat général regimbe, pour raison médicale assure-t-il, à se déplacer pour ce procès, qui pourrait bien débuter par une suspension d’audience.

Un trio cimenté par une notion phare, en pays sarkozyste : l’amitié. Nicolas Sarkozy voue une réelle affection à celui qu’il appelle « son ami », Thierry Herzog. Ce dernier vénère en retour « son Nicolas », qu’il surnomme « le Sphinx » ; ils ont prêté le serment d’avocat ensemble, à l’âge de 21 ans, et ne se sont jamais vraiment perdus de vue. Il a été de tous ses combats judiciaires.
Et puis, il y a Gilbert Azibert, ancien secrétaire général du ministère de la justice, période Rachida Dati (2007-2009), propulsé ensuite à la Cour de cassation, comme avocat général, à la chambre civile. Azibert, un magistrat de droite, dont l’un des grands amis n’est autre que… Me Thierry Herzog. L’avocat lui a permis de rencontrer personnellement Nicolas Sarkozy – un déjeuner sera même organisé dans les bureaux parisiens de l’ancien chef de l’Etat –, et aussi d’assister backstage à un concert de Carla Bruni-Sarkozy.
Une troisième ligne
Le trio est ainsi constitué, et on ne comprendrait rien à cette affaire si l’on n’intégrait pas cette relation affective forte, sur fond d’intérêts partagés, qui les lie, les uns aux autres, une constante d’ailleurs dans l’univers sarkozyste.
Nous voici en 2013, et Nicolas Sarkozy peine encore à s’extirper de la tentaculaire affaire Bettencourt. Les juges ont mis la main sur ses agendas présidentiels, entre 2007 et 2012, des pièces que l’ex-chef de l’Etat estime couvertes par l’immunité présidentielle. Il conteste donc leur saisie, devant la Cour de cassation. La décision à venir des hauts magistrats, prévue pour le 11 mars 2014, est essentielle pour son avenir judiciaire. En effet, ces agendas pourraient ensuite être utilisés contre Nicolas Sarkozy dans les affaires Tapie – l’arbitrage à 405 millions d’euros – ou dans l’enquête sur le supposé financement illégal par la Libye de sa campagne victorieuse, en 2007. Deux investigations menées par l’opiniâtre juge Serge Tournaire, qui ose donc, en 2013, en toute confidentialité croit-il alors, placer sur écoutes judiciaires Nicolas Sarkozy.

Source : lemonde.fr

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