La première séropositive greffée du cœur en France avait 53 ans. Elle avait reçu le 14 juin une nouvelle greffe.

Elle avait été consacrée par le film Rouge Baiser en 1985 et, surtout, elle avait rendu publics sa séropositivité et ses problèmes de greffe du cœur : l’actrice Charlotte Valandrey est morte, mercredi 13 juillet, ont annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) son agente et sa famille. Elle avait 53 ans.

Elle avait révélé sa séropositivité en 2005 dans son autobiographie, L’Amour dans le sang, gros succès de librairie (180 000 ventes) ensuite adapté en téléfilm. Sa trithérapie avait épuisé son cœur et elle avait eu recours à une transplantation en 2003, ce qui avait fait d’elle la première séropositive greffée du cœur en France.

Hommages des associations d’aides aux malades du Sida
Récemment, elle avait annoncé sur les réseaux sociaux que son deuxième cœur arrivait en bout de course et qu’elle avait besoin d’une nouvelle greffe. « En attente de mon troisième », écrivait-elle ainsi sur Instagram le 8 juin. Avec un humour teinté de lassitude : « J’ai besoin de toutes vos ondes positives. Car la Warrior [la guerrière] est moins Warrior… »

« Le 14 juin, Charlotte a dû être opérée en urgence pour remplacer son “cœur d’occasion”, comme elle l’appelait, mais cette nouvelle greffe n’a pas pris, ce troisième cœur n’a pas vécu », ont expliqué sa fille, sa sœur et son père dans un communiqué transmis à l’AFP.

Les associations d’aide aux malades du Sida ont tweeté des messages d’hommages, à l’instar de Aides : « Nous apprenons avec émotion le décès de Charlotte Valandrey, qui a maintes fois contribué à nos côtés à lutter contre le VIH et les discriminations subies par les personnes qui vivent avec. »

Charlotte Valandrey a « été une grande et inlassable témoin de la vie avec le VIH et a ainsi permis de faire avancer le combat contre la stigmatisation », a écrit Sidaction sur ses réseaux.

En 1985, le film « Rouge Baiser » fait d’elle une star
Charlotte Valandrey n’avait pas encore 17 ans à la sortie de Rouge Baiser, de Véra Belmont, le film qui l’a révélée. Elle y incarne, dans la France de la guerre froide, Nadia, une jeune révoltée qui milite aux Jeunesses communistes et voit son idéal vaciller après une rencontre amoureuse avec Stéphane (Lambert Wilson).

On lui prédisait alors un destin à la Sophie Marceau. C’est à quelques jours de ses 18 ans qu’elle apprend avoir contracté le VIH. Avec un « prince gothique », membre d’un groupe de rock connu, dira-t-elle seulement. Elle n’informe que ses parents et ses amoureux, mais elle n’est pas retenue pour Noce blanche (1989) de Jean-Claude Brisseau, après avoir partagé le secret de sa maladie avec le metteur en scène. « Les paillettes s’envolent comme des cendres… Un truc s’était cassé, le cinéma m’avait quittée », déclare-t-elle.

Sa filmographie est ensuite loin de la gloire qu’on lui promettait. Sa carrière se fait essentiellement à la télévision : de 1991 à 2000, elle joue dans la série Les Cordier, juge et flic (jusqu’à 11,4 millions de téléspectateurs) ; de 2017 à 2019, elle incarne la juge Laurence Moiret dans Demain nous appartient. Le groupe TF1, diffuseur de ces séries, a fait part de sa « profonde tristesse ».

Une lutte quotidienne contre la maladie
La comédienne aura lutté toute sa vie au quotidien contre la maladie. « En sortant de ma greffe, je pesais 35 kg. J’ai divorcé, déménagé, je n’ai plus eu de travail ou de vie sociale. Ça faisait beaucoup », avouait-elle. Elle s’accroche, surtout pour sa fille Tara, née séronégative en 2000 de sa « volonté de survivre ».

Comme lors de ce nouveau coup dur en 2008 où, lors d’un infarctus, son cœur s’arrête de battre pendant 22 secondes. Elle remonte la pente, notamment grâce à la psychanalyse. Elle retrouve le chemin des planches, se met à la chanson et continue dans l’écriture, avec un septième livre publié récemment en 2022, Se réconcilier avec soi. Elle s’engage aussi activement en faveur du don d’organes et devient la marraine de la fondation Greffe de vie.

Résolument optimiste, elle gardait une certaine amertume des années où elle s’était sentie lâchée. « Aujourd’hui, quand Stromae chante ses pensées suicidaires ou Florent Pagny parle de son combat contre le cancer, on les soutient et c’est bien. Moi, à l’époque, on m’a laissée toute seule dans mon coin. »

Charlotte Valandrey – de son vrai nom Anne-Charlotte Pascal – doit être « inhumée dans l’intimité à Pléneuf-Val-André », commune bretonne où elle passa des vacances durant son enfance et qui inspira son nom d’artiste, ont annoncé ses proches. Une cérémonie religieuse aura lieu en septembre à Paris.

Source : Le Monde avec AFP

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