Qu’est-ce qu’un visage ? Masque et vertige ? Dialogue avec son anéantissement ? Défi lancé au temps ? Peut-on parvenir à sa substance, son sens ? Ou est-il toujours changeant, une matière malléable, un et autre en même temps ? Qu’est-ce qu’un visage ? Est-il possible de procéder à son dévoilement ? De le révéler dans sa nudité ? Qui est celle de l’être. Ou est-ce que tout visage appartient aux fugues ? La démarche de celui qui est en quête du visage est la même depuis toujours. Hier avec les mots, aujourd’hui avec la lumière. Ainsi tenter de saisir l’autre, aller au-delà des apparences, de ses apparences, le dévoiler, le désemparer pour qu’il puisse se raconter, pour qu’il puisse se dire, non sa vérité, mais ses vérités, certes éphémères, inscrites dans la lumière, comme une fulgurance, un jaillissement de l’être sans l’être, comme une terre qui soudain se dévide et qui divulgue le trop-plein de son absence ou de sa plénitude. La démarche doit être patiente. Parler avec l’autre, l’écouter, s’écouter, nouer un lien avec l’autre, puis figer avec de la lumière son visage, être à l’écoute de ses métamorphoses, le premier geste du paraître, le dépouillement progressif, sa transparence, soudaine et vaste, puis le reflux du paraître, mouvance des sables, mouvance de l’être, ses transfigurations sans fin. Et chaque visage est une histoire, certains se disent immédiatement, sans déni, ni peurs, certains sont cachés, dans la demeure du masque mais au bout d’un moment ils se confessent, à contre gré presque, d’autres visages sont du silence, un silence que cette lumière parvenue à sa pleine ampleur ne parvient pas à défaire. Chaque visage est une histoire, une empreinte, envers et contre le temps. Et peut-être que celui qui est en quête du visage de l’autre, de son sens est, au fond, en quête de son propre visage, peut-être qu’il crée le visage de l’autre, que son regard, au lieu de l’inventer, comme il semble le croire, le crée et, ce faisant, crée son propre visage. En créant l’autre, il se crée, se recrée. Et il se remettra à l’ouvrage tout à l’heure, avec des mots ou la lumière, qu’importe, non pour parvenir, il le comprend maintenant, au sens de l’autre, à sa substance mais parce que le voyage vers l’autre est le sens, sens qui n’est plus aussitôt qu’il se l’approprie, ce voyage est de la quête et non d’une finalité.
Facebook Comments