L’affaire John Brown ne finit pas de défrayer la chronique et reste une épine dans les pieds de l’ADSU. Même si c’est une équipe de Flacq qui est au centre des controverses, la réputation de cette brigade dans son ensemble risque de prendre un sacré coup. Pour cause, la diffusion d’une vidéo et aussi des preuves qui discréditent toute la version de l’ADSU. Après plusieurs mois d’attente, cette affaire prend un nouveau virage après des développements au niveau du CCID qui enquête sur les allégations faites par John Brown, de son vrai nom John Brant Vivien. A noter que l’ADSU mène sa propre enquête en parallèle à celle du CCID dans cette affaire.

Les derniers développements
Mercredi dernier, une équipe du CCID a procédé à une reconstitution des faits avec John Brant Vivien sur le lieu de son arrestation à Résidence Sainte-Claire. Cela, après sa plainte pour fausse arrestation et allégations qu’il a déposée contre l’équipe de l’ADSU de Flacq. Il affirme que cette équipe de l’ADSU a « planté » de la drogue d’une valeur de Rs 1,3 million lors de son arrestation le 29 avril 2020.

Les enquêteurs du CCID ont pris des photos par rapport à l’angle des caméras de surveillance chez John Brant Vivien. Lors de la reconstitution des faits, ce dernier a montré où il se trouvait exactement lorsque les officiers de l’ADSU l’ont intercepté, comme le démontrent les images de caméras qu’il a déjà déposées au CCID quelques mois de cela. John Brown a aussi indiqué aux enquêteurs du CCID tous ses faits et gestes lors de cette interpellation musclée.

John Brown, par le biais de son avocat, Me Rouben Mooroogapillay, a consigné une autre déposition pour ‘forgery’ à l’encontre de cette même équipe de l’ADSU de Flacq mardi dernier au CCID. John Brown accuse les protagonistes d’avoir menti dans le rapport que l’ADSU a écrit sur les noms des personnes qui l’ont arrêté. Il a même produit quelques photos, prises d’écran des images CCTV au moment des faits, qui selon lui, prouveraient ce qu’il avance.

Dans le sommaire officiel de l’opération écrite par l’ADSU de Flacq, l’on note ainsi que ce sont les policiers Adhin et Baboo, qui auraient interpellé John Brown après une lutte. Or, selon la version de John Brown, c’est le policier Jugessur, qui portait un t-shirt rouge ce jour-là, qui l’a interpellé en premier. Toujours selon John Brown, le policier Guness est ensuite venu en soutien au policier Jugessur. Le CCID devrait très prochainement interroger l’équipe entière concernée par cette affaire pour avoir les différentes versions des faits et les confronter aux dires de John Brown et aux photos remises par ce dernier.

Par ailleurs, l’avocat de John Brown a écrit une lettre datée du 3 août 2021, adressée au commissaire de police par intérim pour faire état de cette affaire. Il a été demandé que l’enquête menée par les ‘headquarters’ de l’ADSU en parallèle à celle de la CCID soit confiée à une autre unité. Car selon l’avocat, l’ADSU n’est pas apte à enquêter sur un dossier ou leurs propres collègues, même s’ils travaillent dans d’autres régions, font face à de telles allégations.

L’avocat a rencontré Anil Kumar Dip, il y a trois semaines, pour lui faire part de ses appréhensions dans cette affaire. Selon l’avocat, Anil Kumar Dip a été très à l’écoute et a promis que l’enquête se fera en toute transparence.

Rappelons que les enquêteurs de l’ADSU de Flacq accusent John Brown d’avoir eu en sa possession, dans sa main, un sac rempli de drogue d’une valeur de Rs 1,3 million. Or, les images CCTV dont dispose le CCID démontrent qu’il n’y a rien dans les mains de John Brown au moment de son arrestation. Si l’enquête du CCID conclut que John Brown n’avait rien dans la main, la question qui se pose est comment l’ADSU de Flacq aurait découvert cette drogue et quelle en est sa provenance ?

Selon des sources au sein de l’ADSU, l’enquête a été transférée à une équipe des quartiers généraux pour qu’il y n’ait pas de ‘cover-up’. L’inspecteur Doss, chargé de cette enquête, est réputé pour son impartialité et son ‘principle of justice’. Malgré cela, l’avocat de défense n’est pas satisfait et demande qu’une autre unité de la police s’occupe du volet drogue de cette affaire.

Rappelons qu’Anil Kumar Dip, quelques jours après sa nomination, avait déclaré qu’il serait intransigeant avec les brebis galeuses au sein de la Mauritius Police Force. Par ailleurs, un haut gradé de l’ADSU affirme que « ce dossier gâche la bonne réputation des limiers de l’ADSU qui travaillent dur et avec dévouement chaque jour. Il y a des allégations contre une équipe. Espérons que l’enquête pourra être bouclée au plus vite ». Et d’ajouter que John Brown est connu des services de police et il est suspecté d’être un trafiquant de drogue. Mais pour l’heure, la police n’a jamais pu prouver cela.

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