88 véhicules ont pris feu depuis le début de l’année. Un chiffre qui reflète la moyenne des années précédentes. Sauf l’an dernier où on en dénombre 68, soit 20 incendies de véhicules en moins. Cela est dû principalement à la période de confinement. Les dommages liés à ce genre d’incendie sont considérables, mais à qui la faute ? Après analyses, dans plus de 90 % des cas, on constate que l’erreur serait humaine.
La Fire Investigation Unit (FIU) du Mauritius Fire and Rescue Service (MFRS) a été mise en place en octobre 2017. Cette unité enquête sur les différents incendies qui ont éclaté à Maurice. De ce fait, les enquêteurs de la FIU sont appelés à récolter des indices concernant les feux de véhicules pour ensuite en déterminer l’origine, si elle est accidentelle ou criminelle. Selon la FIU, des 88 incendies de véhicules, on compte 44 voitures, 7 van/4×4, 5 autobus, 3 camions, 2 tracteurs, 1 bulldozer, 1 bateau et 8 moto/autocyclette. Il y a aussi 17 véhicules abandonnés qui ont été ravagés par les flammes. L’an dernier, le nombre total de feu de véhicules incluant les véhicules abandonnés s’élevait à 117.
La cause principale d’incendies de véhicules est électrique, c’est le cas cette année pour plus de 60 % des cas. Selon nos recoupements, les analyses des enquêteurs de la FIU sur les trois dernières années ont révélé que les modifications ainsi que les gadgets qui ne sont pas d’origine dans un véhicule peuvent être la cause d’un incendie si ce n’est pas fait par un professionnel. L’ampérage de la batterie serait aussi une cause d’incendie. Chaque voiture a une spécification pour la batterie dont elle a besoin et ce n’est pas la taille de la batterie qui importe. Des câbles électriques qui ne sont pas bien branchés peuvent créer de la friction.
La deuxième cause de feu est le point d’auto-ignition. Un moteur sale, plein de graisse à des endroits et sur des pièces électriques pourrait être la cause d’un incendie de véhicule. Une fuite d’essence sur une surface déjà chaude d’une pièce du moteur, mélangée aux résidus de graisse, pourrait engendrer un feu de moteur résultant à des flammes qui ravagent le véhicule en question.
Une autre cause d’incendie est la surchauffe des pneus. Les trois incendies de camion décelés ont comme cause commune des pneus qui se sont réchauffés. Cela, par manque de pression dans les pneus. Un moteur qui surchauffe et qui n’a pas de liquide de refroidissement dans son radiateur peut aussi prendre feu.
On dénombre deux autres catégories d’incendie de véhicule, plus rares, les ‘incendiaries’, quand quelqu’un met délibérément feu à une voiture et les ‘accidentals’, quand l’origine du feu ne provient pas du véhicule, c’est-à-dire, une voiture garée près d’un champ de cannes, par exemple.
En analysant l’origine des incendies, pour la plupart, le feu a débuté dans le compartiment avant du véhicule, où le moteur est situé. Les filtres à air qui n’ont pas été changés, les batteries non conformes, les carburateurs pas adéquats au véhicule en question, des fusibles, des ventilateurs défectueux ou autres distributeurs d’essence non conformes, sont autant de points de départ de feu à l’avant du véhicule. Lorsque le feu provient de l’arrière du véhicule, généralement, c’est la modification de l’essence au gaz qui en est en la cause. L’appareil de gaz n’ayant pas été installé correctement. Samedi dernier, lors d’une collision entre deux véhicules, une voiture a pris feu. Le départ de feu se situait à l’arrière de la voiture, car le compartiment à gaz aurait reçu un choc.
Le Station Officer, Nomeswar Bheekharry, enquêteur de la FIU, pointe du doigt ceux qui font des changements dans leur véhicule. « Les véhicules qui ont subi des modifications en termes de fil électrique pour permettre d’intégrer certains accessoires tels que les amplificateurs sont concernés. Surtout lorsque le fil a été mal mis ou le fil a une résistance trop faible. Alor difil la surchofe ek enn dife kapav pran akoz sa », explique-t-il. Et d’ajouter : « Deux fils électriques doivent avoir un connecteur pour qu’il n’y ait pas de surchauffe ».
L’essence est également un facteur déterminant lors d’un feu. L’enquêteur cite le cas d’une voiture qui a pris feu en 2019, juste après avoir franchi un obstacle. Après un examen du véhicule, ravagé par les flammes, il a été découvert que le raccord d’essence qui était connecté au carburateur n’était pas fixé correctement. De ce fait, l’essence a commencé à couler sur le carburateur qui était déjà chaud. Ce qui a donné naissance à un feu.
La prévention
« En termes de prévention, il y a beaucoup à faire », note Nomeswar Bheekharry. Le premier aspect est l’éducation du public et des chauffeurs. « Ils doivent savoir quoi faire au cas où un véhicule prend feu. Un incendie de véhicule commence par des signes et symptômes. Par exemple, une odeur d’essence ou de la fumée qui sort du compartiment avant ou même des sons anormaux. Les conducteurs doivent garer leur véhicule dans un endroit adéquat et en faire sortir tous les occupants. Ensuite, il faut détecter le problème. Dans le cas où il y a une fumée qui émane du compartiment du moteur, il est conseillé d’appeler les sapeurs-pompiers au 115 », précise le Station Officer. Ce dernier conseille à tout automobiliste d’avoir, dans son véhicule, un extincteur ‘Dry Powder’ qui est plus efficace qu’un ‘Fire Retardant’.
Autre précaution à prendre est d’assurer que la maintenance des véhicules se fasse par des personnes compétentes. En décortiquant les résultats des analyses de la FIU du MFRS, l’on découvre que l’intervention humaine reste un des grands facteurs qui causent des feux de véhicules. « Alors, assurez-vous que la maintenance de votre véhicule soit faite régulièrement et d’utiliser des pièces qui sont conformes à votre véhicule », conseille Nomeswar Bheekharry.
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