Alors que Maurice a déjà atteint son objectif initial, l’immunité collective à 60 %, les autorités ne veulent pas s’arrêter en si bon chemin. Bien au contraire, elles redoublent d’efforts pour essayer de vacciner le maximum de personnes. L’étape suivante est de vacciner la tranche des 12-17 ans. À partir du 20 septembre prochain, le pays accusera réception de 76 050 doses du vaccin Pfizer. C’est ce qu’a annoncé le ministre de la Santé, Dr Kailesh Jagutpal, lors de la conférence de presse du National Communication Committee (NCC), ce vendredi 3 septembre. Toutefois, comme la population des 12-17 ans s’élève à 139 241, dont 84 833 sont âgés de 12 à 16 ans et 54 408 âgés de 17 et 18 ans, le nombre de vaccins annoncé ne sera pas suffisant pour l’instant.

La vaccination a déjà démarré pour les enfants dans plusieurs pays. Toutefois, elle n’a pas été rendue obligatoire pour se rendre à l’école. Des mesures sanitaires strictes ont été mises en place pour ceux n’étant pas vaccinés. C’est ce que nous explique le Dr Veyasen Pyneeandee. Ce dernier pense que l’île Maurice prendra ce même chemin. « Je pense que nous n’allons pas imposer la vaccination sur les enfants. Elle sera proposée dans un premier temps ». ajoute-t-il. Par la suite, si la vaccination devient obligatoire pour les 12-17 ans, le Dr Pyneeandee dit que cette transition serait difficile pour ces enfants. Avec l’apprentissage à distance qui s’avère difficile pour certains et le fait de ne pouvoir rencontrer ses amis, le docteur explique que cela deviendrait encore plus dur pour ces enfants. De plus, bien que le variant Delta ait un niveau de transmission très fort, les enfants restent toujours moins à risque, déclare-t-il.

Pour Jason Galleegadoo, l’ancien vice-président de l’Union des étudiants à l’Université de Maurice, avant d’imposer une vaccination obligatoire pour les 12-17 ans, « il faudrait tout d’abord rassembler les médecins compétents pour identifier les divers effets de ce vaccin à l’étranger sur les enfants ». Jason Galleegadoo rajoute que « l’objectif ce n’est pas juste de dire que nous avons atteint l’immunité collective chez les enfants du pays ». Ce dernier explique qu’il faut évaluer le niveau de protection réelle qu’offre ce vaccin sur le plan local. Rappelons que nous avons détecté sur le territoire mauricien le C.1.2 qui inquiète l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et qui a également conduit certains pays tels que l’Inde à établir des protocoles sanitaires plus stricts pour les voyageurs en provenance de Maurice.

« Il faut peser le pour et le contre avant de prendre une décision », confie Jason Galleegadoo en se référant à la possibilité de la vaccination obligatoire chez les élèves de 12 ans à 17 ans. « Il faudra faire attention. Un mort sera déjà un mort de trop. Il ne faut pas oublier que les enfants c’est l’avenir du pays. Il faut donc prendre deux fois plus de précautions que pour les adultes quand on vaccine un enfant », dit-il. Jason Galleegadoo fait ressortir qu’un facteur déterminant qui est mis de côté par le ministère de tutelle est les protocoles sanitaires, car, précise-t-il, « c’est ça qui protège les enfants du virus. Le vaccin est uniquement un ‘add-on’ ». « Il y a un manque de protocoles sanitaires dans les écoles », ajoute-t-il.

Rappelons que depuis la reprise scolaire, plusieurs écoles ont dû fermer leurs portes à cause des cas de contamination au sein du personnel enseignant et non-enseignant ou encore chez les élèves eux-mêmes. En ce qui concerne la question de la vaccination obligatoire pour les 12-17 ans, Jason Galleegadoo déclare que « si la vaccination est vraiment effective, il n’y aura nul besoin d’instaurer la vaccination obligatoire. Les parents eux-mêmes voudront que leurs enfants se fassent vacciner. Il rajoute que pour ceux ayant certaines comorbidités, ils devraient être exemptés de la vaccination, mais, certaines mesures sanitaires additionnelles devraient être mises en place pour eux.

La vaccination obligatoire : La nouvelle conjoncture ?

Rappelons que, récemment, cinq secteurs ont été rajoutés à la liste de la vaccination obligatoire. Après la santé, l’éducation, l’aéroport, le port et les maisons de retraites, ceux travaillant dans le secteur touristique et ceux enregistrés auprès de la Tourism Authority doivent se faire vacciner. La force policière et les sapeurs-pompiers font également partie de cette liste. Sont également concernés tout le personnel et les résidents des dortoirs, les personnes travaillant dans les salons de coiffure et de soins esthétiques et également ceux travaillant dans les centre de fitness, les gyms et les complexes sportifs. Ces personnes doivent se faire vacciner avant le 15 septembre.

Les femmes enceintes sont une autre cible. « Selon les dernières publications scientifiques, les femmes enceintes sont les plus à risque si elles sont contaminées par la Covid-19 », a déclaré le Dr Zouberr Joomaye, porte-parole du National Communication Committee (NCC) sur la Covid-19 en ce vendredi 3 septembre. Malgré que la vaccination ne soit pas encore obligatoire, ce dernier a demandé aux femmes enceintes et à celles qui allaitent de se rendre dans les centres de vaccinations pour se faire vacciner. Car, a-t-il dit, il a été constaté qu’il y a un taux plus élevé de mortalité chez ces personnes. Il y a, aussi, des risques d’avoir des complications pendant la grossesse telles que les accouchements prématurés. « Comme il n’y a plus de contre-indication, le High level Committee a décidé que dorénavant on va recommander la vaccination aux femmes enceintes et à celles qui allaitent. La groses ek laletman li nepli enn rezon pou ki pa vaksine ». Le Dr Joomaye a, ainsi, précisé que « les femmes enceintes qui travaillent dans les secteurs où la vaccination est nécessaire pour pouvoir accéder à leur lieu de travail doivent se faire vacciner ».

Des chiffres plutôt prometteurs

Le Dr Jagutpal a déclaré que 824 232 personnes ont reçu une dose de vaccins anti-Covid à Maurice, ce qui représente 66 % de la population générale et 87 % de la population adulte de l’île. De plus, 760 972 personnes ont reçu deux doses de vaccins et sont donc « fully vaccinated », comme l’a dit le ministre de la Santé. Cela représente 60 % de la population générale et 81% de la population adulte. Par ailleurs, à ce jour, 49 % de la population adulte de Rodrigues a reçu une dose de vaccins. Ce pourcentage représente 21 154 d’habitants. Par ailleurs, le nombre de personnes ayant reçu leur deuxième dose s’élève à 15 864. Cela représente 37 % de la population.

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