Dans cette interview accordée à la rédaction d’ION News, Jessica Naga, fondatrice de Digital Associates, revient sur le NFT qui, selon elle, est une solution innovante qui peut présenter des opportunités de croissance durables dans le monde entier, mais plus particulièrement en Afrique.

C’est quoi le NFT et comment ça marche ?
NFT est l’abréviation de Non-Fungible Token. On le traduit littéralement par « Jeton numérique non fongible ». Un objet est simplement considéré comme « non fongible » lorsqu’il est unique et non échangeable. Par exemple, une œuvre d’art est par définition « non fongible » : le portrait de la Mona Lisa est unique et n’est pas équivalent et interchangeable avec n’importe quelle autre peinture de Da Vinci. En revanche, nous pouvons dire que l’argent est « fongible » car toute pièce ou billet de banque est interchangeable.
Aujourd’hui, lorsque nous parlons de transformer un objet en NFT (ou tokenisation), nous décrivons le processus de création d’un code unique pour cet objet sur la Blockchain avec l’avantage qu’il peut désormais être acheté, vendu, troqué et stocké, plus facilement et en toute sécurité.

A qui sont destinés les NFT ?
Les NFT ont été instantanément adoptés par le monde de l’art numérique pour les œuvres purement numériques, telles que les photos et les vidéos. Aujourd’hui, des pionniers issus d’un large éventail de secteurs explorent les applications de la tokenisation, de l’immobilier à l’énergie en passant par les marchés financiers. Après tout, la tokenisation d’un bien mobilier ou immobilier permet simplement :

(a) de confirmer le nom du propriétaire ou/et du créateur, qui peut être encodé dans le NFT
(b) d’attester de l’authenticité du bien, grâce à des documents vérifiés et certifiés qui peuvent être intégrés au NFT
(c) d’automatiser des fonctions telles que le paiement de redevances grâce à l’utilisation de contrats intelligents
(d) de sécuriser l’échange de biens instantanément, à un coût minimal.

Quel est votre point de vue sur le lancement du NFT à la Mauritius International Art Fair (MIAF) 2022 ?
Le Digital African Group (ou DAG) a lancé ses opérations à Maurice le 17 juin 2022. DAG crée des NFT pour des artistes pré-approuvés et travaille avec des galeries d’art, des marchands d’œuvres d’art et des curateurs reconnus et présélectionnés. Les acheteurs sur la plateforme en ligne de DAG sont fichés et la provenance de leurs fonds est vérifiée.
Après le lancement de Fiona Tan, une artiste monégasque de renommée internationale, DAG a lancé pendant la MIAF 2022 un projet percutant appelé Art Connects Women Digital comme bras numérique de l’initiative annuelle Art Connects Women, qui rallie et célèbre les artistes féminins du monde entier.
DAG compte déjà plus de 200 NFT sur sa plateforme et passera bientôt aux NFT utilitaires, alors allez-y, ça vaut le coup d’œil.

Quels sont les risques associés aux NFT ?
Les risques associés aux NFT achetés sur des plateformes non-réglementées sont entre autres : des risques de cybersécurité et de fraude en ligne, des risques d’acheter des contrefaçons ou d’une personne qui se fait passer pour un créateur connu. Les prix des NFT peuvent aussi être artificiellement gonflés sur les plateformes non-réglementées, étant donné la popularité de ces produits innovants et attrayants. Les NFT peuvent également donner l’illusion que les biens qu’ils représentent sont des originaux.
À mon avis, il est important d’acheter et de vendre les NFT sur des plateformes en ligne réglementées ou celles qui suivent les meilleures pratiques en matière d’AML/CFT et qui confirment de manière indépendante l’authenticité des NFT qu’elles vendent.

Pensez-vous que le NFT a un futur prometteur à Maurice ?
Je crois fermement que le NFT est une solution innovante qui peut présenter des opportunités de croissance durables pour le monde dans son ensemble, mais plus particulièrement pour l’Afrique. Selon la plateforme de données blockchain Chainalysis, l’Afrique a enregistré, entre juillet 2020 et juin 2021, 105,6 milliards de dollars de paiements en crypto-monnaies, soit une augmentation de 1 200 % par rapport à l’année précédente.
Si l’Afrique a toujours été confrontée à des difficultés pour lever des capitaux, celles-ci peuvent être résolues de manière créative et efficace par la tokenisation. D’un point de vue financier, pour Maurice et la région africaine, l’avenir n’a jamais été aussi excitant qu’aujourd’hui.

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