Depuis quelques jours, la polémique enfle dans les couloirs des rédactions et plus particulièrement au sein des radios privées. Et pour cause, l’IBA Amendment Bill a été débattu au Parlement la semaine dernière en première lecture. Un amendement qui a rencontré une certaine résistance d’autant plus que ce mardi au Parlement, cet amendement à l’IBA Act pourrait être voté.

Des changements décriés comme une atteinte à la liberté d’expression par certains juristes, avocats, politiciens de l’opposition et journalistes. Tant et si bien que s’est produit, ce lundi après-midi, un évènement qui n’a pas eu lieu en 20 ans d’existence des radios privées. Deux ténors de l’audiovisuel ont conjointement élargi le débat sur l’IBA Amendment Bill. Cela, dans le but de conscientiser la population et les membres du gouvernement sur l’urgence de faire marche arrière concernant ce projet de loi.

Pourquoi tant de remous ?
La licence des radios devra être renouvelée chaque année et les radios privées auront à débourser Rs 800 000 à chaque fois. Le montant du renouvellement de cette licence augmente ainsi de 100 %, passant de Rs 400 000 à Rs 800 000. Jusqu’à l’heure, le renouvellement se faisait toujours tous les trois ans.

Autre point de désaccord, la ‘disclosure of evidence’ si l’IBA demande aux radios privées d’apporter des précisions sur une quelconque information qui est passée sur les ondes. Les opposants à l’IBA Amendment Bill estiment que cet aspect de la divulgation de la preuve a été mentionné trop vaguement, sans autres précisions. Selon certains juristes, à l’instar de Rajen Narsinghen, les journalistes seront appelés à fournir leur source d’information. « Cela touche directement au bon fonctionnement d’un travail de journaliste et porte atteinte à la liberté d’expression », dit ce dernier. Il poursuit en affirmant que si un(e) journaliste refuse de donner sa source d’informations, il ou elle, peut être forcé(e) à le faire par ordre de la cour. « Si le journaliste ne coopère pas, il risque la prison », souligne Rajen Narsinghen.

Les ‘administrative penalty fees’ sont aussi sujets à controverse. Soit une amende, ne dépassant pas les Rs 500 000, qui sera décidée par l’IBA sans ‘judicial process’. Il y aura, aussi, un ‘review panel’ avec à la tête un Chairperson nommé par le Premier ministre. C’est lui qui écoutera les appels lorsqu’il s’agit de décisions punitives. Ce ‘review panel’ remplacera l’actuel Independent Complaints Panel de l’IBA. Ce dernier, jusqu’à présent, ne rendait compte à personne, mais avec le nouvel amendement à la loi, la donne risque de changer.

Qu’en pensent les Mauriciens ?
La rédaction d’ION News a baladé son micro, ce lundi 29 novembre, pour recueillir les avis des Mauriciens sur cet amendement à l’IBA Act. Rafick, 56 ans, est catégorique et lance un appel au gouvernement de ne pas aller de l’avant avec cet amendement. « Gagn traka Covid, pa gagn traka bann radio », dit-il. Sentiment partagé par Suresh, 28 ans, qui exprime une forte opposition : « ou pa kapav anpes enn dimoun koze. Se lor bann radio prive mem ki nou aprann bann gran nouvel lor pey ek bann skandal ». Divya, 38 ans, demande au gouvernement de reconsidérer cet amendement et de faire davantage de consultations avec toutes les parties concernées.

A noter que Mauritius Global Diaspora a lancé une pétition en ligne pour faire entendre la voix des Mauriciens sur ce sujet. Cette association a aussi envoyé une lettre au président de la République, Pradeep Roopun, pour qu’il ne donne pas son accord au cas où cette loi est votée demain au Parlement. « Si l’on ne croit pas à la liberté d’expression pour les gens qu’on méprise, on n’y croit pas du tout », a dit Noam Chomsky.

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