Quelques semaines de cela, la chaîne WION basée à New Delhi avait fait mention de Maurice comme ‘long standing ally’ de l’Inde. Maintenant c’est au tour de Franceinfo de faire mention de l’île d’Agalega comme le Diego Garcia de l’Inde.

Les cocotiers ont laissé place à une piste d’atterrissage de 3 000 mètres de long. Un débarcadère est en cours de finalisation. Les travaux terminés, les 430 ouvriers quitteront les baraquements et seront remplacés par des militaires. Agalega deviendra officiellement une base avancée de l’Inde. Agalega est une île mauricienne située à plus de 1 000 km au Nord de l’île sœur, dans l’Est-Nord-Est de Madagascar et au Sud des Seychelles. Elle vient d’être transformée par l’armée indienne en base militaire, révèle RFI.

Les 300 Agaléens, des descendants d’esclaves, qui ont été amenés sur cette terre en 1827 par la France pour la culture du coprah et la production d’huile de coco, assistent impuissant à cette implantation. Suite à l’abolition de la traite négrière par la Grande-Bretagne, les Agaléens, libres, vivaient de cultures vivrières, de l’élevage et de la pêche. Tout était paisible, mais en 2019 un accord a été signé entre Maurice et l’Inde pour faire d’Agalega, la base militaire du puissant voisin. En s’implantant dans le Nord de l’océan Indien, l’Inde a fait d’Agalega sa tête de pont, comme l’est Diego Garcia, plus à l’Est, pour les armées américaines et britanniques.

Les habitants n’ont pas leur mot à dire

A l’heure des satellites, de l’informatique, de la coopération inter-armée, cette implantation était-elle indispensable ? Que vont devenir les Agaléens ? En 1970, un matin, les Chagossiens ont été contraints de monter sur un bateau et de quitter leur pays. Depuis 50 ans ils mènent un combat légitime, sans fin. Ils ont porté le débat devant les Nations unies, où malgré le soutien de nombreux pays, ils n’ont toujours rien obtenu. Des validations morales, des soutiens indéfectibles de la part de nations qui ne siègent pas au sein du conseil de l’ONU. Bref, rien ou presque !
51 ans après le départ forcé des Chagossiens, les enfants d’Agalega ne peuvent plus faire du vélo dans certaines zones de leur petit pays. Est-ce temporaire ou seulement le début ?

Pour mémoire, l’un des villages de cette île de 12 km de long et 1,5 km de large, s’appelle Vingt-Cinq, en référence aux 25 coups de fouet que recevaient les esclaves en guise de punition, précise lowyinstitute.org. Plus de deux siècles se sont écoulés, depuis que leurs aïeuls ont été exilés sur cette terre, aujourd’hui objet d’enjeux ‘stratégiques’ obscures.

Source : francetv.info

La relation géopolitique entre Maurice et l’Inde date de plusieurs années. Or, ces dernières années, la stratégie géopolitique semble avoir pris une autre dimension. D’ailleurs Maurice avait reçu des vaccins du gouvernement indien qui avait permis à la vaccination de démarrer au début de l’année. Par la suite, l’Inde s’est non seulement retrouvée submergée par une deuxième vague de Covid-19 exacerbée par un variant virulent mais elle a fait face à une pénurie d’oxygène dans les hôpitaux, mettant à mal les patients qui souffrent de détresse respiratoire aiguë. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, avait tweeté : « Mauritius and India are united in the fight against Covid-19. Today Mauritius has donated 200 oxygen concentrators to help medical staff in India treat people suffering from the virus ».

Le 22 février dernier, la signature de plusieurs accords entre Maurice et l’Inde, parmi le Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement (CECPA), ont été finalisés, par le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar au Receptorium de l’Assemblée nationale.

Dans son discours, le Premier ministre a réitéré que l’Ile Maurice et l’Inde restent fermement engagées à travailler ensemble sur différents grands projets. « Nous sommes très confiants dans la capacité de l’Inde à faire sortir Maurice de la liste grise et je suis ravi de renouveler notre engagement entre nos deux pays pour un meilleur avenir de notre société », avait déclaré le Premier ministre.

Parmi les accords, on relève celui sur les domaines maritimes afin de protéger l’océan Indien contre les pirates et autres crimes maritimes, notamment en mettant en place un système de surveillance par radars côtiers. Le CECPA est un accord qui encouragera les entrepreneurs indiens à investir à Maurice. Ces développements majeurs soulignent une entente géopolitique profonde entre les deux pays. Agalega, semble-t-il, serait une île incontournable dans cette relation géopolitique.

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