La Haute Autorité de santé (HAS) doit engager, mercredi, une démarche visant à modifier le statut du Paxlovid, dont environ 4 400 doses seulement ont pour l’instant été prescrites, alors que 500 000 ont été commandées.

Une pilule contre le Covid-19, enfin ! Apparue fin décembre 2021, elle offrait une double promesse : celle de sauver des vies et celle d’alléger la charge hospitalière liée aux infections par le SARS-CoV-2. Cette pilule, c’est le Paxlovid. Développée par le laboratoire Pfizer, elle est disponible depuis le 3 février en France. Dès le 22 décembre, sur la foi des résultats des premiers essais cliniques, l’Etat français en a commandé 500 000 doses auprès de la firme. Trois mois plus tard, le démarrage a été pour le moins laborieux : au 27 mars, 4 416 doses de ce traitement seulement ont été prescrites, en France, à des patients positifs pour le virus responsable du Covid-19, annonce l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Ironie du sort, le Paxlovid est arrivé quand la vague Omicron était en plein reflux (le pic de la cinquième vague a été atteint autour du 24 janvier). « Beaucoup de professionnels se sont dit : “ce médicament arrive trop tard”, témoigne Jacques Battistoni, président du syndicat de médecins généralistes MG France. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui », les infections repartant à la hausse.

Consciente du recours à ce traitement bien plus faible qu’attendu, la Haute Autorité de santé (HAS) devait engager, mercredi 6 avril, une démarche en vue de modifier le statut du Paxlovid. Ce médicament devrait alors basculer dans un régime de prescription classique, « fin avril ou début mai », précise Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.Une réponse à l’un des principaux freins à son utilisation. Les médecins généralistes, auxquels il revient de le proposer aux patients, déplorent en effet une modalité de prescription trop complexe. Parce que ce médicament est nouveau, il a été placé sous le régime d’une « autorisation en accès précoce ».

Procédure assez lourde
En Europe, en effet, le Paxlovid a obtenu, le 27 janvier, une « autorisation de mise sur le marché conditionnelle ». Cette procédure est réservée aux médicaments qui répondent à un besoin médical non satisfait, alors même que des données sur leur efficacité et leur sécurité à long terme ne sont pas encore connues. « C’est la première fois en France qu’un médicament prescrit par les médecins généralistes bénéficie d’une telle autorisation d’accès précoce », relève Philippe Besset.

Ce statut permet une surveillance étroite de ses effets chez les patients. Mais il impose aux prescripteurs une procédure assez lourde. « Nous devons aller sur une plate-forme en ligne du laboratoire Pfizer, nous identifier et remplir un questionnaire sur les caractéristiques [symptômes, âge, autres maladies…] des patients, explique Jacques Battistoni. Une procédure très inhabituelle pour nous. » Il faut « vingt à trente minutes au médecin généraliste pour remplir ce formulaire en ligne », renchérit Olivier Saint-Lary, président du Collège national des généralistes enseignants. La simplification de la procédure proposée par la HAS devrait supprimer cette contrainte, donc favoriser les prescriptions.

Source : Le Monde

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