Annulé en 2020, décalé l’an dernier au mois de juillet avec des mesures sanitaires strictes, le Festival de Cannes retrouve, mardi 17 mai, son rythme traditionnel pour une 75e édition qui se veut faste et marquante. Au total, plus de 35 000 cinéphiles et professionnels sont attendus dans la cité balnéaire de la Côte d’Azur, dans une ambiance balançant entre stars, crème du cinéma d’auteur et échos de la guerre en Ukraine à travers plusieurs films sélectionnés.

Le tapis rouge de cette édition anniversaire doit être déroulé vers 10 h 30. Juste à temps pour accueillir stars et festivaliers, ainsi que les membres du jury, présidé par l’acteur Vincent Lindon qui a pris ses quartiers cannois dès lundi, tout comme le cinéaste iranien Asghar Farhadi et l’actrice italienne Jasmine Trinca. A 19 heures, la cérémonie d’ouverture sera présidée par Virginie Efira – attendue également à l’écran pour son rôle de survivante d’un attentat dans Revoir Paris. Ancienne animatrice de télévision, l’actrice a prévenu lundi qu’elle ne s’interdirait « pas de faire rire », lors de l’évènement retransmis sur France 2, et par Brut. « Je vais essayer de faire court », a-t-elle promis.

Palme d’Or d’honneur pour Forest Whitaker
Mais la star internationale de la soirée sera Forest Whitaker, qui recevra, à 60 ans, une Palme d’Or d’honneur pour une carrière marquée par un Oscar pour son interprétation d’Amin Dada, le dictateur ougandais, dans Le dernier roi d’Ecosse (2007), ou son rôle de tueur chez Jim Jarmusch dans Ghost Dog (1999). Le comédien afro-américain, également à la tête d’une association caritative qui lutte contre la pauvreté, du Soudan du Sud au Mexique en passant par la Seine-Saint-Denis, est un habitué de la Croisette, où il a obtenu un prix d’interprétation en 1988 pour Bird de Clint Eastwood.

L’ambiance promet ensuite de changer radicalement, avec la projection en ouverture de Coupez !, de Michel Hazanavicius, une parodie déjantée de films de zombies, et une déclaration d’amour à tous les films – même les plus ratés. Le film, qui sort simultanément en salle, fera office d’exutoire pour un monde du cinéma qui tente de se remettre de la pandémie de Covid-19 : Coupez ! « est joyeux, il met en valeur les gens du cinéma, et j’espère qu’il donne envie d’en faire », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le réalisateur de The Artist, « très heureux » de revenir à Cannes en ouverture.

Quelques heures auparavant, les festivaliers auront pu remonter le temps, et redécouvrir La Maman et la Putain, l’un des films qui ont fait la légende de Cannes, en 1973. Certains cinéphiles le verront enfin, et pour la première fois : un demi-siècle après avoir fait scandale, cette œuvre majeure de la Nouvelle Vague signée Jean Eustache, n’avait pas été rééditée, et était devenue difficile à visionner pour des questions de droits. Le film est désormais restauré, et deux de ses interprètes, Jean-Pierre Léaud et Françoise Lebrun, devraient assister avec émotion à sa projection cannoise, avant sa ressortie en salle le 8 juin.

Soutien à l’Ukraine
Cannes entrera mercredi dans le vif du sujet : côté compétition, 21 films – et 5 réalisatrices – sont en lice pour succéder à Titane, Palme d’Or gore et sans concession de la Française Julia Ducournau, deuxième réalisatrice couronnée dans l’histoire du Festival. Symbole fort, la compétition officielle débutera par la projection du dernier film du Russe Kirill Serebrennikov, en rupture avec le régime. Il pourra venir pour la première fois défendre en personne son film, La Femme de Tchaïkosvki. Le Festival refuse en revanche d’accueillir « des représentants officiels russes, des instances gouvernementales ou des journalistes représentant la ligne officielle ».

Mais « nous allons afficher un soutien absolu et non négociable au peuple ukrainien », a affirmé, lundi, Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, avec plusieurs œuvres sélectionnées dont le film posthume, ajouté la semaine dernière, du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius, tué début avril à Marioupol.

Côté tapis rouge, les appareils photos chaufferont pour la montée des marches de l’équipe du nouveau Top Gun (hors compétition), dont Tom Cruise, présent au Festival pour la première fois en trois décennies. Beaucoup de stars suivront, jusqu’à la clôture le 28 mai. Kristen Stewart, qui montera sur le tapis rouge aux côtés de Léa Seydoux et Viggo Mortensen pour le dernier film de David Cronenberg (Les Crimes du futur), le prometteur Austin Butler et le vétéran Tom Hanks, alias Elvis et son manager dans un biopic événement (Elvis) ou encore Idris Elba et Tilda Swinton dans le dernier film du réalisateur des Mad Max, George Miller (Trois mille ans à t’attendre).

Chez les réalisateurs, parmi les cinéastes en lice pour la Palme, Park Chan-wook (Old boy) revient avec une enquête sulfureuse (Decision to leave), James Gray présente Armageddon Time, avec Anthony Hopkins et Anne Hathaway, tandis que d’autres, déjà médaillés, tenteront de décrocher un nouveau trophée, dont les frères Dardenne (Rosetta) avec Tori et Lokita, le grinçant Ruben Östlund (The Square), avec Sans filtre ou le Japonais Kore-eda (Une Affaire de famille), qui a cette fois tourné Broker avec la star sud-coréenne de Parasite, Song Kang-ho.

Source : Le Monde avec AFP

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