Jeûner le jour et puis aller, le soir, à la rencontre du Coran. Et essayer de comprendre. Et si nous écoutons attentivement, nous entendrons 339 fois des mots en arabe dérivés de la racine rā ḥā mīm, ر ح م. Ils nous renvoient à la miséricorde, à la bonté, à la compassion, à la grâce, à l’affection, et même à la matrice. Cette dernière, notre première demeure en ce monde qu’est le ventre de la mère, doit son appellation arabe au nom de Dieu, Ar Raḥmān الرَّحْمَٰنِ, Le Tout Miséricordieux. Et le Coran nomme ainsi Dieu en pas moins de 57 occasions, sans compter le fait que toutes les sourates, sauf une, commencent par le rappel qu’il est Ar Raḥmān.

Jihād

Or lorsque nous écoutons les hommes, et qu’ils nous parlent du monde, rarement témoignent-ils, ou même affirment-ils, qu’Ar Raḥmān existe. Nous disons souvent « bondie », mais croyons-nous vraiment qu’Il est Infiniment Bon, Sa Miséricorde dépassant toute chose ? Et lorsque nous parlons de l’islam dans les médias, c’est loin de tout ce qui prouve que Dieu est Ar Raḥmān. Écoutons et lisons le Coran les soirs du mois du Ramadan, et jamais nous n’entendrons les mots « état islamique », « boko haram » ou « al qu’aida ». Et si le mot « jihād » جِهَاد y apparait, 41 fois sous différentes formes, il ne signifie nullement « guerre » et encore moins « guerre sainte », un terme étranger à la terminologie islamique.

La première révélation concernant le « jihād » évoque une lutte, acharnée même, par le moyen du Coran qui est la Parole de Dieu. Lorsque la révélation parle de guerre, c’est le mot « qitāl » qui est employé. Dieu, Ar Raḥmān, qui connaît mieux que quiconque notre nature et notre réalité, nous exige toujours une lutte à l’intérieur de nous-même, un « jihād » du cœur contre le mal, y compris lorsqu’il nous arrive inévitablement de nous battre. Cela peut arriver, en dernier recours, comme lorsqu’il faut établir la justice ou se défendre. Et même là, l’islam impose une éthique stricte car celui auquel nous résistons a aussi une dignité et des droits. Même s’il lui arrive à l’oublier, à s’oublier en oubliant Ar Raḥmān. Et la révélation affirmera : « Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci toi aussi, et place ta confiance en Dieu… » (Le Coran 8:61)

Salām

À la rencontre du Coran pendant les nuits du Ramadan, il y a ce mot qui ne cesse de revenir : salām (سَلَٰم). La racine sīn lām mīm س ل م nous renvoie à la paix, à l’islam évidemment. S’incliner à la paix et placer sa confiance en Dieu nous procurent la seule vraie sécurité. Notre foi en Ar Raḥmān est un dépôt qui repose en notre sein. L’islam, c’est se libérer de tout, de soi-même aussi, en se soumettant uniquement à Sa bonté.

Et les 140 énonciations liées au mot « salām » dans le Coran font que la paix est une valeur que Dieu chérit. Il est aussi As Salām, La Paix absolue et de Lui vient la paix. Notre salutation dans ce monde et dans l’au-delà est : « Que la Paix soit sur vous ainsi que la Miséricorde de Dieu et Sa Bénédiction ». Et nous sommes appelés « mus’lim », les musulmans qui, par définition sont des êtres des paix, soumis à la paix d’Ar Raḥmān.

Jeûner le jour et puis aller, le soir, à la rencontre du Coran. Et comprendre en méditant sur les paroles révélées que le plus grand des « jihād » est de résister et de lutter contre le rejet d’Ar Raḥmān, qui est aussi As Salām. Le premier champ de bataille est l’intimité de notre être. Nous ne sommes pas à l’abri du monde et de ses illusions. Le jeûne est un bouclier et le Coran une lumière pour nous rappeler le sens de la vie et de la mort. Et que la finalité de notre existence c’est Dieu, Ar Raḥmān, As Salām.

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