La vidéo d’une scène de violence physique, verbale et psychologique entre élèves a inondé les réseaux sociaux en fin de semaine dernière. Elle est, certes, alarmante. Mais ce type de violence n’est pas un phénomène nouveau.

Dans ce cas, elle a été filmée et publiée. A-t-on besoin de cela pour s’indigner et prendre conscience de ce qui se passe dans nos écoles ou collèges ? A-t-on besoin de cela pour prendre conscience de la souffrance qu’engendre la violence ?

Les coups de bâton ou de sangles. Les coups de règles sur les doigts. Des surnoms méchants, des menaces, des rumeurs colportées par les pairs. Des humiliations à répétition des enfants traités de ‘sauvages’, de ‘bourriques’, d’abrutis’ et des mises à l’écart à répétition sont le quotidien de nombreux enfants dans leur environnement scolaire.

Cette scène de violence soulève plusieurs questions.

Au sein d’un établissement scolaire, les responsables

Où étaient le directeur d’école et les enseignants au moment où cette enfant a subi autant de violence ? L’absence de surveillance d’adultes est un facteur social qui a un impact dans le recours à la violence. Comment tout cela s’est-il passé, tous ces cris, tout ce bruit sans intervention des responsables ?

Cela pose question. Et doit être revu au sein de cet établissement scolaire.

Facteurs psychologiques et sociaux impactant sur le recours à la violence

L’intolérance à la frustration, l’incapacité de ces jeunes à mettre en mots, du coup, à exprimer leur colère par des coups, le manque de ‘coping skills’ pour faire face à des situations difficiles sont mis en évidence dans ce cas.

Il est capital d’apprendre à mettre en mots le ressenti. Et non en coups. Les parents, éducateurs doivent eux-mêmes être un exemple pour les jeunes, pour leurs enfants.

Quand un parent ou éducateur frappe, insulte, humilie, quel exemple donne-t-il ?

A quoi peuvent-ils s’attendre de la part des enfants si la violence est leur mode de communication ou de règlement de conflits ?

« L’OMS a reconnu en 2010 que le facteur principal pour subir ou commettre des violences est d’en avoir déjà subies », selon Dr Muriel Salmona en 2014.

Quand autant de jeunes disent être humiliés et subir de la violence des enseignants ou de leurs parents, cela pose question. Et doit être revu !

La complicité alarmante des témoins passifs

Le fait de penser à filmer cette scène pose question. Le fait que certaines élèves rient, incitent aux coups, est inquiétant.

Les recherches sur la violence mettent l’accent sur un facteur social important qu’est l’influence des pairs. Que ce soit par le biais de leurs encouragements, de la provocation verbale et physique, du rejet ou du bullying. Il est primordial de critiquer les actes de violence. Que ce soit sur le plan individuel, institutionnel ou national. Pas de les cautionner.

Il n’est jamais trop tard pour apprendre aux jeunes et aux moins jeunes que toute forme de violence a des conséquences très importantes pour toute personne qui en est victime.

En mars 2015, Claude Halmos, psychanalyste, énonce : « Le but de l’éducation est que l’enfant se soumette aux règles parce qu’il en a compris le sens. La fessée ne lui apprend rien. Au contraire, elle lui donne l’exemple de la loi du plus fort ! Donner une fessée, c’est user et abuser d’un rapport de force inégal entre l’adulte et l’enfant. »

Il est grand temps de développer l’empathie chez les citoyens plutôt que de cautionner les ‘bat li’, ‘une bonne claque/ fessée fait du bien’ ou ‘il faut réintégrer la peine de mort’ qui, en elle-même est, une forme de violence extrême et préméditée.

Ces élèves sont arrêtées le 18 mai. Accusées d’agression avec préméditation. Une autre élève est, elle, accusée de non-assistance à personne en danger.

Certes, leurs actes sont condamnables.

Mais est-ce d’emprisonnement dont elles ont le plus besoin ?

Ne serait-ce pas plus utile de leur apprendre à s’exprimer autrement que dans la violence ? Dans le respect de soi, de l’autre et de l’environnement ?

La prise de conscience de la souffrance de la victime peut réduire l’éventualité d’agressions immédiates selon Baron, 1994 (dans Pahlavan, 2002). Ne serait-ce pas plus efficace qu’elles soient correctement accompagnées et réfléchissent sur leurs actes ? Et sur des moyens d’expression appropriés ?

Facebook Comments