La recherche d’un centre de planning familial sur Google, une discussion avec une amie sur Facebook… Une semaine après l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade par la Cour suprême des États-Unis, de nombreux défenseurs de l’IVG craignent que les données personnelles collectées sur Internet ne deviennent un outil pour traquer les avortements illégaux. Un dispositif numérique suscite particulièrement l’inquiétude : les applications de suivi du cycle menstruel.

« Supprimez vos applications de suivi des règles, immédiatement. » Depuis vendredi 24 juin, cette consigne a été massivement diffusée sur les réseaux sociaux aux États-Unis. Pour cause, après l’annulation par la Cour suprême des États-Unis de l’arrêt Roe vs Wade, qui garantissait le droit à l’avortement au niveau fédéral, de nombreuses personnes s’inquiètent que les données communiquées à ces applications ne soient utilisées pour traquer les femmes qui avorteraient dans des États où cela deviendrait illégal.

Au total, un tiers des Américaines utilisent des applications de suivi des règles, dont les plus connues sont Flo, Clue ou encore Stardust, selon une enquête de l’ONG Kaiser Family Foundation. Elles peuvent y entrer la date du début et de la fin de leurs règles, indiquer la couleur du sang, le flux, donner des informations concernant des douleurs ou sur leurs rapports sexuels… Certaines cherchent à connaître le moment propice pour essayer de concevoir un enfant, d’autres à savoir à l’avance la date de leurs prochaines règles. Parfois, il s’agit aussi de suivre une maladie comme l’endométriose. Quelle que soit la raison de son usage, l’application sait quand la femme a ses règles, combien de temps, si elle a du retard et donc, dans certains cas, si elle est enceinte. Autant de données très sensibles dans un pays où la moitié des États pourraient prochainement interdire l’avortement, à l’instar du Missouri et de sept autres États qui se sont empressés de légiférer.

« Les données collectées sur ces applications ne sont pas protégées par la loi HIPAA qui encadre le traitement des données de santé aux États-Unis », explique Suzanne Vergnolle, docteure en droit et spécialiste de la protection des données personnelles en Europe et aux États-Unis. « Autrement dit, ces applications peuvent vendre ou donner accès à ces informations à des tiers, pour des publicités ciblées, par exemple. Et ces informations collectées peuvent aussi être communiquées à la justice américaine dans le cadre d’une enquête. »

L’inquiétude est d’autant plus vive que ces applications ont déjà été mises à l’amende pour manque de transparence sur ces questions. En 2021, Flo, qui compte 43 millions d’utilisatrices, a ainsi été condamnée pour avoir vendu des informations sensibles à des sociétés privées, dont Facebook et Google, sans le consentement des abonnées.

Source : France 24

Facebook Comments