Il n’y aura pas de baisse des tarifs d’électricité. C’est Ivan Collendavelloo lui-même qui l’a confirmé au Parlement, ce mardi 22 septembre, en répondant à la Private Notice Question qui lui était adressée. Le ministre de l’Energie et des Utilités publiques retient, en revanche, la suggestion d’une restructuration des prix en faveur de ceux « au plus bas de l’échelle ». Et maintient que le pays n’est pas dans une situation d’urgence en ce qui concerne la fourniture d’électricité.

Certes, poursuit Collendavelloo, le Central Electricity Board réalisera des profits cette année, notamment grâce à la chute des prix des matières premières énergétiques et au fait de ne pas avoir eu recours au hedging alors que les cours mondiaux du charbon et du fioul lourd accusaient une hausse. Les prix de celui-ci sont toutefois volatiles, explique le ministre. Ainsi, selon les prévisions de l’organisme, les prix du charbon et du fioul devraient accuser une hausse annuelle de 3% à 4% et de 6,7% à 7,5% respectivement. En outre, la grille salariale et les conditions des employés du CEB seront revus à partir de juillet 2017. Ce qui viendrait augmentait les coûts opérationnels du CEB.

Il faut également tenir en compte les investissements à venir sur les cinq prochaines années : installation de turbines à la station de St Louis et des Grandes Salines, amélioration du réseau et de ses infrastructures… Des projets qui se chiffrent  à Rs 22 millions pour cette  période.

Paul Bérenger a insisté sur la bonne situation financière du CEB, citant notamment un management report, sur les comptes pour les cinq premiers mois de l’année, et sur lequel il s’est appuyé durant sa conférence de presse, samedi dernier. Estimant qu’au vu des windfall gains de Rs 1,594 milliards réalisés sur cette période, le fournisseur pourrait clôturer l’année avec des profits de plus de Rs 3 milliards.

Vifs échanges 

Ivan Collendavelloo a, pour sa part, affirmé en toute bonhomie avoir pris connaissance de ce document durant le week-end, grâce au leader de l’opposition. Avec qui il a d’ailleurs eu une attitude plutôt cordiale, bien que ferme par moments. Le rapport en question, soutient le ministre, n’a pas encore été présenté au board de l’organisme. Le député Ravi Rutnah demandera alors si Collendavelloo compte instituer une enquête pour déterminer l’authenticité de ce document, s’il y a eu « leakage » d’informations confidentielles. Et si le leader de l’opposition compte collaborer aux investigations.

Cet échange donnera lieu à de vifs échanges dans l’hémicycle. Le MMM lancant des « Pe rod kasyet ! », « Follower ! », tandis que du côté de la majorité, on insiste : « Les li koze ! » Au milieu du chahut, Ravi Rutnah alléguera que Paul Bérenger a sans doute obtenu les comptes récents du CEB contre des bribes, de « graves allégations » que contestera sur l’heure Reza Uteem. Le député mauve Veda Baloomoody rétorquera pour sa part avec des mots très peu flatteurs pour le député Lepep.

A la reprise de la séance, la Speaker Maya Hanoomanjee a demandé aux deux députés de retirer leurs propos. Ce qu’ils ont fait.

Ivan Collendavelloo a refusé de se prononcer sur le document, que Bérenger a soumis au Parlement, arguant qu’il n’a « aucune valeur », et qu’il se prononcerait sur le rapport financier final soumis par le CEB.

Autre fait notable : l’attitude très amène d’Ivan Collendavelloo envers le député rouge Osman Mahomed. Celui-ci a suggéré que l’Etat montre plus de « compassion » aux plus démunis et au secteur manufacturier par rapport aux tarifs d’électricité. Le ministre de l’Energie a, en outre, souligné à plusieurs reprises que cette suggestion suivait celle faite par Alan Ganoo.

‘Borderline’

Revenant sur la situation énergétique du pays, le ministre insiste sur le fait que « nous sommes ‘borderline’ » mais pas dans une « situation d’urgence ». Les experts de la Banque mondiale, souligne-t-il, se sont basés sur certaines suppositions qui ne reflètent pas la réalité. Il y a eu sous-estimation des capacités de production, explique Collendavelloo, notamment par rapport à CEL qui fournira 22 MW au lieu des 12 MW cités par la Banque mondiale. Mais aussi une mauvaise appréhension des plans de maintenance du CEB. Ainsi, notre reserve margin est de 22 MW à 146 MW, ce qui est amplement suffisant selon le ministre.

La baisse de voltage, a également avancé le ministre, est une mesure possible selon les tests menés par le CEB. Et sans danger pour les appareils électriques domestiques ou industriels. Cela reste toutefois une option de dernier recours.

Par ailleurs, la judicial review demandée par CT Power suite à la résiliation de son contrat sera entendue cette semaine, soit le 24 septembre. Burmeister & Wain Scandinavian Bank (BWSC) a demandé une injonction pour annuler l’appel d’offres que le CEB a lancé, en juillet de cette année, pour des turbines de 60 MW après révision des spécifications. L’affaire sera entendue le 28 septembre.

A la question de savoir si le gouvernement compte poursuivre avec les projets et appels d’offres en dépit de ces deux affaires en Cour, Ivan Collendavelloo a répondu : « Je verrai. » Notant au passage que Maurice ne peut être « l’otage » de ces affaires, mais que l’Etat se doit aussi de respecter la loi. Et de mentionner au passage que la Procurement Act lui confère certains pouvoirs auxquels il s’est abstenu, pour l’heure, de recourir. Et de promettre : « Tant que je serai en charge, il n’y aura pas de black-out. »

Photo (archives AFP via Charentelibre.fr)

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