Paul Bérenger partage un trait de caractère avec Donald Trump. Comme le président américain, le leader du MMM clame de temps en temps connaître tel ou tel sujet mieux que quiconque. Parfois, c’est la Constitution. De temps à autre, l’histoire politique du pays. Quand ce n’est pas le fonctionnement du Parlement.

Ce samedi, ceux qui le côtoient depuis des décennies disent l’avoir découvert en état de choc devant la liste des nouveaux membres du bureau politique (BP) mauve. La surprise de Bérenger est étonnante. Car s’il y a bien un sujet qu’il maîtrise, c’est le MMM. S’il y a bien une chose sur laquelle il a une influence, c’est le fonctionnement de son parti. Pourquoi Bérenger n’a-t-il donc rien vu venir ?

Le nombre de surprises est en effet important. Arrivé 10e aux élections du comité central mauve du 24 juin, Madun Dulloo – le valet dans la main de poker de Bérenger – n’obtient pas les votes nécessaires pour entrer au sanctum sanctorum des mauves. D’autres, comme Dany Perrier, Nita Juddoo, Karen Foo Kune ou Fawzi Allymun sont également recalés après une performance pourtant honorable la semaine passée.

Classés deuxième et troisième à ces mêmes élections, Reza Uteem termine 8e (ex aequo) et Aadil Ameer Meea 15e (également ex aequo) ce samedi. Parallèlement, même s’ils ne sont pas des éléphants du parti, Dave Kissoondoyal, Raj Nuckchady, Prakash Meenowa et surtout le jeune Nitin Jeeha surclassent les têtes d’affiches de leur formation politique.

Si lors de l’élection du comité central, les militants ont choisi «un bon mélange», les membres de cette instance mauve ont, eux, procédé par élimination. Nous avons déjà expliqué ici la schizophrénie du MMM, tiraillé entre ses rats des champs et ses rats des villes. La nouvelle composition de la direction du parti et surtout le réalignement des votes d’une semaine sur l’autre semblent n’être qu’une réaction à la méthode de Bérenger.

Car le leader, davantage par omission que par action, a laissé s’installer des chefferies autour de quelques individus jugés à sa solde ou vaquant à leurs propres intérêts. Ces cadres et l’attitude du chef ont fini par susciter un violent retour de bâton – que certains qualifient volontiers de «communal» – ce samedi.

Lors du point de presse à l’issue de l’élection du BP, Bérenger a confirmé avoir déjà réfléchi à l’identité des 8 personnes qu’il allait recommander à cette instance au terme de l’article 11.3 de la Constitution du parti. Il a dû arrêter sa liste en tenant l’élection de certaines personnes pour acquise. Le patron des mauves se retrouve donc à devoir remanier lourdement, et à contrecœur, ses recommandations.

Il doit bien savoir qu’il ne pourra pas imposer une flopée de best losers à des postes de responsabilité dans «le parti le plus démocratique du pays». Après tout, c’est bien la différence entre les suffrages fédérés par certains cadres mauves et les postes de responsabilité qui leur ont été subséquemment confiés qui a causé bien des frustrations puis des querelles et divorces au sein du MMM depuis 2015.

C’est donc avec un certain amusement que les récents démissionnaires et éjectés du parti doivent contempler la situation dans laquelle se retrouve le MMM et Bérenger. Certains, apprenons-nous, sont même allés jusqu’à reprocher à Steven Obeegadoo d’avoir voulu précipiter une révolution de palais alors que le vote des militants vient de légitimer quelques-unes de ses divergences avec le noyau du leader.

«Ki to kone twa!?» C’est l’expression que le leader du MMM dégaine aussi bien face aux cadres mauves qu’à sa progéniture pour conclure qu’il a raison envers et contre tous. Bérenger cédera-t-il à la tentation de dire «ki zot kone zot» aux 72 personnes qui ont élu le BP ce samedi, afin de ne pas tirer les conséquences de leur vote ? Ce ne serait pas… surprenant !

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