«Nous devons annuler ce projet.» A quoi fait référence Xavier Duval ? Aux fermes aquacoles de GrowFish. Ce que craint le leader de l’opposition ? Les attaques de requin dans les eaux mauriciennes, qui risquent de porter un sérieux coup au tourisme.

Un avis que ne partage pas Prem Koonjoo. S’il a été avare de commentaire sur ce projet car contesté devant la justice, le ministre de l’Economie océanique est cependant monté au créneau pour défendre à nouveau ce projet qui, dit-il, sera hors lagon et créera de nombreux emplois. Du reste, il n’y a eu aucune attaque de requin à Maurice «depuis 70 ans», déclare le ministre.

Le chef des bleus avait cité le cas de La Réunion où 21 attaques, dont 9 mortelles, ont été recensées depuis 2011. GrowFish compte installer ses cages hors lagon au large de Bambous. Soit sur la côte ouest, du même côté que l’île sœur, note Duval. Ce projet d’envergure est «cent fois» plus grand que celui de la Ferme marine de Mahébourg, où des squales ont été capturés dans le lagon, poursuit-il.

Des bars et des ombrines se sont échappés par milliers de la ferme aquacole de Mahébourg, ajoute encore le leader du PMSD. Peut-être à cause de requins, attirés par les poissons, qui s’en seraient pris aux filets… Il n’y a pas de requins, insiste le ministre de l’Economie océanique. Qui se réfère plus d’une fois au suivi mené par des cadres de son ministère sur la question.

En revanche, ces inspections ont révélé la pose d’appâts dans le lagon, peut-être par des pêcheurs, pour attirer les squales, souligne Koonjoo.

Pour ce qui est des poissons échappés de la Ferme marine de Mahébourg, le cas a été rapporté à la police car les filets ont été coupés. De plus, des analyses sont menées régulièrement, que ce soit au niveau des dix sites de cages flottantes allouées par le ministère ou de la Ferme marine. Cela afin de s’assurer qu’il n’y a pas d’impact négatif sur l’écosystème marin à cause de ces exploitations.

Autre crainte de Duval : le fait que la législation n’ait toujours pas été changée pour encadrer ce type d’exploitations. Alors que deux rapports commandés par le gouvernement, l’un datant de 2015 et l’autre de 2017, font ressortir que le cadre légal est inadéquat, que l’expertise fait défaut ou encore qu’il n’y a pas de laboratoire certifié pour détecter des maladies, par exemple.

«Rome ne s’est pas faite en un jour», a rétorqué Koonjoo. Qui insiste que «depuis plus de 15 ans, rien n’a été fait». L’introduction au Fisheries Bill, en cours de finalisation, est pour bientôt, «très bientôt», a précisé le ministre. La réponse était la même il y a trois ans, a alors raillé Duval. Celui-ci avait l’air effaré devant les répliques évasives du ministre, qui répondait tantôt à côté et semblait tantôt perdu concernant ce dossier [lire : Ce que vous n’avez pas vu sur vos écrans ce 29 juin].

Koonjoo s’est toutefois engagé à déposer le rapport du Dr Jeremy Kiszka, chercheur à la Florida International University. Le scientifique a mené une étude l’année dernière à la demande du Board of Investment sur les liens entre requins et aquaculture. S’il ne remet pas en doute les compétences du Dr Kiszka, Duval croit toutefois savoir que celui-ci n’a passé que deux jours à Maurice. Ce qui est insuffisant pour une étude sérieuse, estime le leader de l’opposition.

Photo d’illustration : Des cages flottantes destinées à l’élevage de poissons (via Centre for marine biofouling and Corrosion)

[PNQ ] Prem Koonjoo: No presence of sharks in the vicinity of floating cages of aquaculture farms by ION News on Scribd

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