Le ton est alarmiste. La mise en garde vraisemblable. Une nouvelle drogue serait en circulation « dans les écoles » sous le nom de Strawberry quick ou strawberry meth. Sous l’apparence d’un bonbon pétillant disponible sous forme de cristaux colorés et aromatisés se cacherait, en fait, un type de méthamphétamine. Avec la prise de conscience croissante du problème de drogues chez nos jeunes, ce message ferait, ces derniers temps, le tour des smartphones via Whatsapp.

Sauf que… cette drogue qui viserait les enfants ne serait pas présente sur notre territoire. Une rapide recherche sur le Net indique que ce même message, qualifié par certains de « canular », est en circulation depuis… 2007, par mail et sur les réseaux sociaux.

Dans de nombreux pays : USA, Belgique, Canada, France… la rumeur a, au fil des années, été démentie par les autorités locales. Mais aussi par des sites qui traquent les « hoax », ces fausses nouvelles que certains tentent de faire passer pour de vraies.

Hoaxbuster note ainsi que de la méthamphétamine colorée est disponible. Mais que selon les informations à leur disposition, « aucun goût particulièrement attractif pour les enfants n’a jamais été constaté ».

«Des drogues pour toutes les bourses»

Et à Maurice ? Danny Philippe de LEAD reste prudent. « Nous n’avons rien constaté par rapport à ce type de produit. » Mais les faits abondent, dit le coordinateur de l’organisation non gouvernementale (ONG), pour ce qui est d’autres types de drogues auxquels touchent les jeunes et les moins jeunes : « drogues synthétiques, gandia et héroïne ».

Les drogues synthétiques, déjà compétitives, le sont encore plus depuis que certains les vendent au détail. Tandis que la méthamphétamine, ainsi que la cocaïne ou encore l’ecstasy, circulent dans des « cercles très fermés ».

Ce qui fait dire à Danny Philippe qu’actuellement, « il y a des drogues pour toutes les bourses ».

Il est essentiel de maintenir la sensibilisation auprès des enfants et des jeunes, dit le coordinateur de LEAD. L’ONG comprend d’ailleurs un département qui leur est dédié et qui est intervient auprès d’eux, dans les quartiers, sur « tous les sujets où ils peuvent être à risque ».

Le problème d’addiction chez les jeunes, souligne-t-il cependant, doit être pris en compte par les autorités. D’autant qu’il n’y a aucune structure à Maurice, rappelle-t-il, pour prendre en charge les moins de 18 ans souhaitant décrocher.

Selon nos recoupements, certains centres d’accueil de toxicomanes font parfois des exceptions. Mais cela reste rare, car non régi par notre cadre légal. Des parents qui peuvent se le permettre se voient, pour leur part, référer, à des médecins pour aider leur enfant à « tini tini ».

Besoin d’écoute

Les jeunes sont confrontés à beaucoup d’informations – peut-être trop ? –, notamment avec Internet, constate Ragini Rungen. Et ils ne savent pas toujours quoi en faire ni comment les digérer.

Ce qui manque, selon la coordinatrice du Groupe A de Cassis, c’est un « espace d’écoute, de partage ». A l’exemple de Cazado, une structure que le Groupe A a mise en place. Chaque lundi, ils sont entre 30 et 40 jeunes à se rencontrer pour « discuter, écouter, comprendre, partager et se former ». Et, s’ils le souhaitent, parler de leurs problèmes.

« Il faut ce type d’accueil un peu partout », insiste Ragini Rungen. Qui souligne, comme Danny Philippe, la nécessité de la mise en place de structures pour encadrer les moins de 18 ans qui ont un problème de drogues. « A notre niveau, nous ne pouvons leur offrir qu’un service de ‘counseling’. Or, il faudrait pouvoir agir tout de suite, dès que se fait le déclic chez le jeune. »

«Une vieille histoire»

Du côté du ministère de l’Education, on indique que le Strawberry quick est « une vieille histoire » apparemment sans fondement. Aucune doléance, poursuit notre interlocuteur, de parents ou autre n’a été reçue récemment concernant le Strawberry quick.

Le MITD House a été informé du message alarmiste… en 2015. Grâce à un mail contenant le message alarmiste et qui avait été relayé à son service de presse.

Sur la question des drogues dans les écoles, le ministère se veut toutefois rassurant. « La vigilance demeure accrue », fait-on ressortir. L’ensemble des chefs d’établissements secondaires a été avisé qu’ils doivent sensibiliser les élèves durant l’assemblée du matin. Ils sont, de plus, tenus de rapporter tout cas suspect. Enfin, le ministère collabore étroitement avec la Brigade des mineurs.

Numéros utiles

Danny Pilippe, LEAD : 59.18.75.86

Cazado : 212.75.41

Photo (abuse-drug.com) : Des cristaux de méthamphétamine. Cette drogue de synthèse peut provoquer des épisodes psychotiques et un comportement violent.

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