Le Chief Strategy Officer de la MCB appelle régulièrement à la prudence dans le dernier numéro de MCB Focus consacré aux perspectives économiques après le dernier discours du budget de Pravind Jugnauth.

S’appuyant sur le «growing sense of pessimism» au sujet de la conjoncture internationale mais aussi le faible dynamisme dans la plupart des secteurs économiques du pays, Gilbert Gnany prévoit un taux de croissance de 3,8% du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2019. Le taux de 4% pour l’année financière 2019-2020, annoncé par le ministre des Finances et Premier ministre Pravind Jugnauth sera «challenging» à atteindre prévient le Chief strategy officer de la MCB. Cette performance réduite risque, à son tour d’impacter la situation fiscale et de la dette du pays, note Gnany.

Si MCB Focus reconnait des initiatives dans la budget visant à améliorer le développement socioéconomique du pays, le document conclue qu’en l’absence de profondes réformes structurelles, les secteurs économiques du pays demeureront vulnérables face à la compétition et leur faible croissance actuelle.

Évoquant les mesures incitatives dirigées vers certaines industries, Gnany estime que ces initiatives, finiront par ne constituer qu’un soutien à court terme et temporaires pour les secteurs vulnérables de l’économie. Ainsi, le document relève que les incitations fiscales spéciales accordées à certains secteurs rendent moins lisible et transparente notre régime fiscale. «The country is further departing from the low, simple and predictable fiscal system that has served to boost the investment climate for several years», observe MCB Focus.

En passant, Gnany insiste sur la nécessité pour la Banque de Maurice (BoM) «to effectively conduct monetary policy and manage the exchange rate of the rupee » sans entraves. Surtout dans un contexte où la balance des paiements du pays demeurent instable.  Le document cite ainsi les règles de prudence de la Banque Centrale Européenne dans l’utilisation des réserves détenues par les banques centrales. Dont le but essentiel est d’«establish buffers from time to time against its perception of the risks in its balance sheet arising from the overriding requirements of monetary policy execution».

S’intéressant aux performances sectorielles, Gilbert Gnany note que malgré un taux de croissance élevé, dopé par les grands projets d’infrastructures publics, le rythme de la croissance du secteur de la construction pourrait ralentir. Au sujet du tourisme, MCB Focus tire la sonnette d’alarme sur les recettes en baisse durant les 4 premiers mois de l’année. Une situation qui contraste avec celle des compétiteurs de Maurice dans la région. Les Seychelles, les Maldives et le Sri Lanka enregistrent des arrivées touristiques en hausse, note le rapport.

Par ailleurs, si le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication maintient sa croissance robuste et que les services financiers demeurent plus ou moins résilients, même si le marché indien est en perte de vitesse, MCB Focus estime que les industries d’exportation ainsi que celles approvisionnant le marché local et le secteur de la canne progressent difficilement.

Ce contexte économique ainsi que l’absence de «wide ranging structural reforms» conduit à une prévision de croissance réduite pour l’année prochaine avec un PIB qui grandira à seulement 3,5%. Gnany prévient toutefois que ce taux pourrait évoluer en fonction de la rapidité et l’ampleur de la mise en œuvre des mesures budgétaires, la conjoncture internationale ainsi que les gains de productivité et de compétitivité dans nos secteurs économiques.

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