« Vivants ils nous les ont pris, vivants nous les voulons » : ils vont pousser leur cri une dernière fois sous les fenêtres du président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, qui quitte le pouvoir le 1er octobre. Ce slogan répété comme un mantra, en dépit du peu d’espoir de retrouver les étudiants en vie, s’adresse également à la présidente élue Claudia Sheinbaum, qui sera investie cinq jours plus tard.

Les familles reprochent à la gauche au pouvoir de ne pas avoir localisé les corps des 43 étudiants, disparus dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014 à Iguala (sud-ouest), à deux heures de route de leur école normale d’Ayotzinapa. Seuls trois d’entre eux ont été retrouvés et identifiés. « Nous croyons que ce président nous a menti, que ce président nous a trompés », a ajouté la mère d’un étudiant disparu, Maria Elena Guerrero.

La majorité des parents réclame la publication d’un document de plus de 800 pages sur l’affaire, affirmant que l’armée s’y oppose. Mercredi, le président sortant a défendu son bilan sur cette affaire dans une lettre aux parents : 120 personnes emprisonnées, 151 personnes interrogées, dont 134 civils et 16 militaires, 858 sites fouillés… Le dossier n’est pas clos, a assuré le président qui va transmettre le dossier à la prochaine présidente « une femme de principes, de convictions et en faveur de la justice ».

Un traumatisme
La mobilisation pour les 10 ans de la disparition des étudiants a commencé dès le 18 septembre dans la cour de l’école normale d’Ayotzinapa (sud). Mardi, les manifestants ont protesté devant le Sénat à Mexico et lancé des pétards sur le bâtiment pour exprimer leur colère.

Les 43 étudiants qui ont disparu à Iguala avaient tenté de réquisitionner des bus afin de se rendre à une manifestation, à Mexico, pour commémorer le massacre de plusieurs centaines d’étudiants le 2 octobre 1968. Par son ampleur, leur enlèvement a traumatisé la société mexicaine. A la différence des autres cas de disparition, l’affaire a été médiatisée, y compris à l’étranger.

Sous pression, l’administration du président Enrique Pena Nieto (droite, 2012-2018) avait promu une version aujourd’hui contestée : les étudiants disparus auraient été brûlés dans une décharge par un groupe criminel, aidé de la police locale d’Iguala.

A son arrivée au pouvoir en 2018, Andres Manuel Lopez Obrador a installé une « commission pour la vérité ». Cette commission a qualifié de « crime d’Etat » l’affaire d’Ayotzinapa, et estimé que l’armée était en partie responsable, directement ou par négligence. L’armée a disposé d’informations en temps réels sur le kidnapping et les disparitions, d’après cette commission.

« Même s’il n’existe aucune preuve que l’armée ait participé à la disparition des jeunes, nous avons agi contre des militaires qui ont pu commettre des délits en lien avec la délinquance organisée, ou en n’agissant pas pour éviter les actes de violence contre les jeunes », a écrit le président mercredi aux parents.

Les disparitions ont augmenté de façon exponentielle au Mexique à partir de 2006 quand l’ex-président Felipe Calderon a lancé une opération militaire contre la demi-douzaine de cartels de l’époque.

Source : France 24 et AFP