Ils sont nombreux les observateurs à saluer le déroulement et l’organisation de ces élections villageoises car pour la toute première fois de l’histoire politique du pays, l’exercice de vote et le dépouillement des voix se sont déroulés le même jour. Bien que les résultats aient été proclamés au plus tard trois heures du matin dans certains gros villages, le scrutin s’est déroulé sans incident majeur sauf celui noté à la Bheewa Mahadoo Government School à Rivière-du-Rempart où les numéros de deux candidats se sont inversés.
Ce premier pas inédit réalisé par la commission électorale de procéder au dépouillement les heures suivant le scrutin est-il possible pour les législatives ? De Paris, l’avocat Parvez Dookhy du Ralliement citoyen pour la patrie est formel : « oui, le décompte doit se faire désormais le jour même du scrutin. C’est matériellement possible. C’est ainsi dans beaucoup de grandes démocraties. La technologie le permet ». Pour l’avocat, les fonctionnaires appelés à faire le décompte sont en général véhiculés, c’est également le cas pour les agents. Les médias auraient aussi tous les moyens de couvrir des évènements importants. La police de son côté doit, selon lui, pouvoir prendre ses dispositions. « Matériellement, c’est désormais possible », affirme Parvez Dookhy.
Pour l’historien Jocelyn Chan Low, cela devrait aussi éviter les soupçons de fraude et d’irrégularités qui sont légion à chaque élection. Parlant d’un système archaïque, il préconise la modernisation avec le vote électronique qui peut accélérer le processus. « Il ne faut pas écarter les risques de cafouillages d’autant que les fonctionnaires qui seront actifs depuis 6 heures du matin sont déjà confrontés aux nombreuses demandes de ‘recount’ ce jour-là », explique l’historien. Les esprits surchauffés après des heures d’attente pourraient provoquer des dérapages, poursuit-il.
Même si le commissaire électoral Irfan Rahman évoque une grande première, on est loin de la satisfaction totale car malgré le taux d’abstention de 42 %, l’exercice de comptage a pris des heures de retard. Et ce n’est pas uniquement une question de ressources. Si ce scrutin concernait 526 597 électeurs de 130 villages, les législatives concernent le pays en entier et impliquent le double des électeurs. Un système pas encore rodé pour les fonctionnaires, selon notre source au niveau de la commission.
Lors des dernières élections générales, les résultats dans la circonscription No 10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est) avaient été proclamés vers deux heures du matin. A ce stade, la commission électorale ne précise pas si le même scénario est possible pour la prochaine joute électorale nationale. Il n’empêche que l’avancée réalisée pour ces villageoises est un pas historique franchi par la Commission électorale.

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